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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/357

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tionnaires que deux ailes de moulin pendant un calme plat. Mes devoirs envers Duerckheim demandent que j’aille le ranimer, après quoi, avec votre permission, je reviendrai pénétrer plus avant dans la philosophie qui nous occupe en ce moment.

Après avoir prononcé ces mots, Heinrich se hâta d’aller rejoindre son pénitent de louage avec un zèle fort louable pour les intérêts de ses concitoyens. Il trouva le forgeron dans une immobilité parfaite, et ce ne fut que par des secousses vigoureuses et répétées qu’il parvint à tirer d’un profond sommeil son auxiliaire salarié.

Pendant ce temps Emich se promenait, toujours occupé de ses réflexions. En atteignant la grille du chœur il allait retourner sur ses pas, lorsque quelqu’un qui parut à une des portes de côté de l’église lui fit signe de s’approcher. Emich obéit, et trouva son ancien rival, Boniface, qui l’attendait.

Le salut que se firent ces deux ennemis fut poli, mais échangé avec une certaine retenue. Néanmoins, après un court entretien ils se retirèrent ensemble, et ce ne fut qu’à la chute du jour que le comte d’Hartenbourg reparut parmi les pèlerins. Les détails de ce qui se passa dans cette secrète entrevue ne furent jamais connus du public, bien que les événements qui eurent lieu dans la suite donnèrent à penser qu’elle eut rapport à l’arrangement final de l’existence, longtemps contestée, du monastère dans le Jaegerthal. On sut, dans le couvent d’Einsiedlen, que l’abbé Rudiger avait fait partie du conseil, qui se termina à l’amiable. Ceux qui étaient disposés à la censure dirent, quelque temps après, que dans cette dispute, comme dans toutes celles où les faibles et les humbles se prêtent aux vues des forts et des puissants, ceux par qui la bataille fut livrée, et dont l’inimitié implacable avait semé la discorde parmi leurs serviteurs, trouvèrent subitement les moyens d’apaiser leur colère, et de calmer la tempête qu’ils avaient soulevée, de manière à en faire retomber presque toutes les conséquences sur la tête de leurs alliés. Ce résultat, qui paraît être universel pour tous ceux qui ont l’imprudence de se lier d’une manière indissoluble avec des amis qui peuvent disposer de leur destinée, devait être prévu ; puisque l’homme ou la communauté qui est assez faible pour se confier avec trop d’abandon à la bonne foi du puissant, soit que nous considérions ici les individus ou les nations, doit se regarder