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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/388

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vous faites allusion à ce qui s’est passé jadis. Vous savez que je suis venue faire un dernier effort pour assurer le bonheur de Meta. Berchthold m’a parlé du dessein où vous étiez de le récompenser du service qu’il vous a rendu en vous sauvant la vie, et je viens vous dire que si réellement vous pouvez rendre service à ce jeune homme, le moment est venu ou jamais, car Lottchen a été trop cruellement frappée pour supporter de nouveaux chagrins.

L’ermite écouta en silence ce reproche, puis, se tournant lentement vers l’endroit où il serrait ses papiers, il en tira un paquet ; le bruit que fit ce paquet dans les mains de l’ermite avertit Ulrike que c’était un rouleau de parchemin ; elle attendit le résultat avec un intérêt mêlé de curiosité.

— Je ne dirai point, répondit l’ermite, que ce don est le prix d’une vie qui ne valait pas la peine d’être sauvée. Peu de temps après que j’eus fait connaissance avec Berchthold et Meta, je devinai leur secret, et depuis ce moment mon plus grand plaisir fut de chercher les moyens d’assurer le bonheur de personnes qui vous étaient aussi chères. Je trouvai dans la fille la foi simple, ingénue, si admirable dans la mère, et ajouterai-je que le respect que je vous portais augmente mon désir de servir votre enfant ?

— Je vous dois certainement des remerciements, seigneur von Ritterstein, pour votre persévérance dans la bonne opinion que vous avez de moi, répondit Ulrike avec une grande expression de sensibilité.

— Ne me remerciez pas, mais pensez plutôt que le désir que j’éprouve de servir votre fille est un tribut que le repentir paie à la vertu. Je sais que je suis le dernier de ma race, et tout ce que je puis faire de mes biens, c’est d’en doter quelque maison religieuse, de les laisser passer au prince féodal, ou d’accomplir le projet que j’ai formé.

— Je ne pensais pas qu’il fût facile d’adopter un parti qui s’opposât aux intérêts de l’électeur.

— J’ai pris toutes mes précautions. Une amende considérable a aplani la route, et ces parchemins contiennent tout ce qui est nécessaire pour installer le jeune Berehthold comme mon substitut et mon héritier.

— Ami ! cher et généreux ami ! s’écria la mère touchée jusqu’aux larmes, car dans ce moment Ulrike ne songeait qu’au bonheur futur de son enfant et à celui de Berchthold, replacé dans