Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/42

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n’avait pas non plus été négligée. Plus d’une fois Gottlob en acquit la preuve en trébuchant. Ça et là une habitation en ruines, plus ou moins dégradée, était encore debout, fournissant, comme les mémorables restes de Pompéi et d’Herculanum, un témoignage aussi intéressant qu’infaillible des usages de ceux qui sont depuis longtemps livrés à un repos éternel. Il semblerait par les réparations grossières qui gâtent plutôt qu’elles n’embellissent ce monument simple, mais expressif, qui montre ce qu’était l’intérieur du camp dans des jours de pouvoir et de gloire, que des aventuriers modernes ont essayé d’en convertir les huttes dégradées en des habitations appropriées à leurs besoins temporaires. Elles paraissent néanmoins être depuis longtemps abandonnées, car ces murailles sans toit et les pierres amoncelées annoncent que les réparations n’étaient plus possibles. Enfin, les jeunes gens s’arrêtèrent et dirigèrent leurs regards dans la même direction, comme s’ils eussent atteint le but de leur expédition.

Dans la partie du bocage où le feuillage des cèdres croissait avec plus d’abondance que sur le sol rocailleux des ruines, il existait un petit bâtiment qui seul paraissait être encore habitable. Comme les autres, il semblait avoir été primitivement construit par les maîtres du monde, ou restauré sur les fondations de quelques constructions romaines par les guerriers d’Attila, qui, on doit se le rappeler, avaient passé un hiver dans ce camp, qui plus tard avait servi d’abri à de pauvres paysans industrieux. Il y avait une seule fenêtre, une porte, et une cheminée grossière, que le climat et la situation élevée de ce lieu rendait presque indispensable. La lueur d’une torche se voyait au travers de la croisée, seul signe qui apprît que la hutte était habitée ; car, à l’extérieur, à l’exception des grossières réparations dont nous venons de parler, cette scène était empreinte de la tranquillité éloquente des ruines. Cette description ne rappellera pas au lecteur la grandeur imposante qui s’attache à la plupart des objets liés avec le nom romain ; car, quoiqu’il soit dans la nature des choses que les plus importants travaux de ce peuple soient ceux qui doivent être parvenus jusqu’à nos jours, le voyageur rencontre souvent des souvenirs de leur puissance, qui sont si fragiles et si périssables dans leur construction, qu’ils ne doivent leur conservation, en grande partie, qu’à des combinaisons de circonstances accidentelles. Cependant les Romains se montraient ordinairement aussi grands