CHAPITRE XIX.
ne grande partie des curieux suivit les masques déconcertés ;
d’autres se hâtèrent de rompre leur longue abstinence, dans les
différents lieux disposés pour satisfaire à ce devoir qui jouait un
rôle si important dans la fête du jour ; presque tous ceux qui
remplissaient l’estrade la quittèrent, et il ne resta dans le petit
espace réservé, en face du bailli, qu’une centaine de personnes
dont la sensibilité l’emportait sur leurs propres besoins. Peut-être
cette distribution de la multitude offre-t-elle la proportion
qui se rencontre d’ordinaire parmi les masses spectatrices de
scènes où s’agitent des intérêts généraux auxquels elles sont totalement étrangères, et dont l’égoïsme ne sait s’il doit céder à la
compassion et à la sympathie pour l’opprimé.
Le bailli, ses connaissances les plus intimes, les prisonniers et la famille de Balthazar se trouvaient avec quelques gardes. Parmi ceux qui restaient, l’affairé Peterchen avait un peu perdu de vue le banquet en cherchant à résoudre la difficile question qui s’était élevée ; il était aussi tranquillisé par la certitude que rien d’essentiel en gastronomie ne se passerait en son absence. Nous serions injustes envers son cœur si nous n’ajoutions pas qu’il ressentait quelques scrupules de conscience, qui l’avertissaient intérieurement que le monde traitait avec rigueur la famille de Balthazar. De plus, il fallait régler le sort de Maso et de ses compagnons, et soutenir le caractère d’un magistrat aussi juste que ferme. À mesure que la foule diminuait, lui et ceux qui l’entouraient descendirent de leurs sièges élevés, et se mêlèrent au petit nombre d’assistants qui se trouvaient dans l’enceinte encore gardée en face du théâtre.
Balthazar restait immobile près de la table du notaire ; car, à présent qu’il était connu, il frémissait de s’exposer avec sa femme