Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/354

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ne puisse prouver clairement de quelle manière ils sont venus en sa possession. — Qu’as-tu à dire à ce sujet ?

— Pas une syllabe, Signore ; il faut que je vous renvoie tous à mon chien qui peut seul vous fournir l’histoire de ces bagatelles. Il est clair que je suis peu connu dans le Valais ; car Maso n’a jamais vendu des babioles aussi insignifiantes que celles-ci.

— Cette justification ne vaut rien, Maso ; tu plaisantes dans une affaire de vie ou de mort. Veux-tu confesser ton crime avant que nous en venions aux extrémités ?

— Il y a longtemps que je joue avec les lois, signor castellano, cela est vrai ; mais je suis aussi innocent de la mort de cet homme que le noble baron de Willading : il est vrai encore que les autorités de Gênes me cherchent relativement à quelque affaire secrète de la république avec ses anciens ennemis les Savoyards, je l’avoue franchement ; mais c’était une affaire d’argent ; et non pas de sang. J’ai eu le malheur de tuer dans mon temps mais c’était dans des combats réguliers, que la cause en fut juste ou non.

— Assez de preuves ont été accumulées contre toi pour justifier l’emploi de la torture, afin de savoir ce qui nous reste à apprendre.

— Je n’en vois pas la nécessité, remarqua le bailli. Voici la victime, voici son bien et devant nous le criminel. C’est une affaire qui n’a besoin que des formes pour être envoyée à la hache du bourreau.

— De toutes les offenses contre Dieu et contre les hommes, reprit le Valaisan du ton de l’homme qui va prononcer une sentence, celle qui envoie une âme, sans être préparée et avec toutes ses fautes, comparaître en la terrible présence du juge tout-puissant, est la plus condamnable et la plus sévèrement punie par la loi. Tu es moins excusable qu’un autre, Tomaso Santo ; car ton éducation a été supérieure à ta fortune, et tes vices étaient en opposition à ta raison et aux conseils que tu as reçus dans ton enfance. Il te reste donc peu d’espérance, puisque l’État que je sers veut que justice soit faite dans toute sa sévérité.

— Noblement parlé, herr châtelain, s’écria le bailli, et d’une manière qui doit enfoncer comme avec un poignard le repentir dans l’âme du criminel. Ce qu’on pense et ce qu’on dit dans le Valais, nous le pensons et nous le disons dans le pays de Vaud,