Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/361

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joues de la nature, afin que je puisse me placer entre toi et l’échafaud ! Prouve la vérité de ce que tu avances, ou je t’abandonne à ton sort.

— Signore, j’aurais voulu vous sauver cette malheureuse explication, mais vous vous y êtes opposé. Je suis Bartolo : ce seing, votre propre don, envoyé pour être ma sauve-garde dans une position semblable à celle-ci, vous le prouvera assez. Il m’est encore plus facile de vous en convaincre, par le témoignage de cent personnes qui sont maintenant à Gênes.

Le signor Grimaldi étendit sa main tremblante pour recevoir la bague, joyau de peu de valeur, puis un seing qu’il avait en effet envoyé à son fils pour faciliter une reconnaissance entre eux, si jamais il était frappé d’une calamité subite. Il gémit en reconnaissant ces emblèmes, car leur identité n’était que trop certaine.

— Maso, Bartolo, Gaëtano, car tels sont tes noms, misérable jeune homme, tu ne peux savoir quel affreux désespoir un mauvais fils cause au cœur de son père, sans quoi ta conduite aurait été différente. Oh ! Gaëtano ! Gaëtano ! Qu’êtes-vous pour les espérances d’un père, qu’êtes-vous pour son amour ! La dernière fois que je te vis, tu souriais comme un ange dans les bras de ta nourrice, et je te retrouve avec une âme corrompue, un visage marqué par le sceau du vice, les mains teintes de sang vieux avant l’âge, et ayant déjà dans toute ta personne ce quelque chose d’infernal qui n’appartient qu’aux damnés !

— Signore, vous me retrouvez comme les chances d’une vie aventureuse m’ont fait. Le monde et moi, nous ne sommes pas bien ensemble depuis plusieurs années, et je me venge en me moquant de ses lois de ses torts envers moi, répondit avec chaleur Il Maledetto car il commençait à s’animer. Vous êtes dur envers moi, Doge, mon père, car je ne sais comment vous nommer et je ne serais pas digne de mon lignage si je ne répondais à ces accusations de la même manière qu’elles m’ont été adressées. Comparez votre carrière à la mienne, et qu’on proclame au son de la trompette, si vous le voulez, quel est celui qui a le plus de droit d’être fier. Vous fûtes élevé au milieu des honneurs, vous avez consacré votre jeunesse à la carrière des armes, parce que c’était votre goût et lorsque, fatigué du bruit des camps, vous voulûtes des plaisirs plus paisibles vous cherchâtes autour de vous une jeune fille pour devenir la mère de vos héritiers ; vous