CHAPITRE XI.
e docteur Reasono prit un soin aussi raisonné de tout ce qui
tenait à l’embellissement personnel de son lycée, qu’aucun orateur
public que je me rappelle avoir jamais vu remplir ses fonctions
en présence des dames. Si je dis que son poil avait été
brossé, et sa queue frisée tout nouvellement, et que tout son
extérieur était empreint d’une solennité plus qu’ordinaire, observation
que le capitaine Poke n’insinua tout doucement à l’oreille,
je ne crois rien dire que de vrai et d’utile à connaître. Il se plaça
derrière un marche-pied qui lui servit de table, se caressa légèrement
le poil avec les pattes, et entra ensuite en matière. Il est
bon d’ajouter qu’il parlait sans avoir de notes, et comme le sujet
n’exigeait pas des expériences immédiates, sans être entouré de
machines.
Secouant la queue vers les diverses parties de l’appartement où siégeaient ses auditeurs, il commença en ces termes :
— Comme l’occasion présente, mes chers auditeurs, est une de ces excursions accidentelles sur le domaine de la science, auxquelles tous les membres des académies peuvent se trouver appelés, et n’exige que l’explication des points capitaux de notre thèse, je ne m’enfoncerai point dans les profondeurs du sujet, mais je m’en tiendrai aux observations générales qui peuvent servir à reconnaître le caractère de notre philosophie naturelle, morale et politique.
— Comment ! Monsieur, m’écriai-je, vous avez une philosophie politique, aussi bien qu’une philosophie morale ?