Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les espèces qui marchent par des transformations lentes, progressives, mais constantes, vers la perfection de la vie terrestre, ou vers ce dernier état si sublime et si élevé des êtres mortels, dans lequel s’accomplit la dernière lutte du matériel et de l’immatériel, de l’esprit et de la matière. La classe des animaux perfectibles, suivant les principes monikins, commence aux espèces dans lesquelles la matière à la tendance la moins équivoque à prédominer, et se termine à celles dans lesquelles l’esprit est aussi rapproché de la perfection que peut le permettre cette argile mortelle. Nous prétendons que l’esprit et la matière, dans cette mystérieuse union qui est le point de contact des êtres physiques et moraux, commencent à l’état intermédiaire, en subissant, non comme quelques hommes l’ont prétendu, des transmigrations de l’âme seule, mais des transformations graduelles et imperceptibles de l’âme et du corps, qui ont peuplé le monde de tant d’êtres merveilleux, merveilleux tant au moral qu’au physique ; et que tous (tous ceux bien entendit de la classe perfectible) sont des animaux compris dans un même genre, sur la grande route du progrès, qui s’avancent vers le dernier degré de perfectionnement, préalablement à leur translation définitive dans une autre planète, pour y commencer une nouvelle existence.

La classe rétrograde se compose des êtres qui, par suite de leur destinée, prennent une fausse direction ; qui, au lieu de tendre à l’immatérialité, tendent à la matière, et s’assujettissent de plus en plus à son influence, jusqu’à ce que, par une suite de métamorphoses physiques, ils finissent par perdre l’attribut de la volonté, et par s’incorporer avec la terre même. Dans cette dernière transformation, leur être, devenu tout matériel, est analysé chimiquement dans le grand laboratoire de la nature, et leurs parties constituantes se dissolvent : les os deviennent pierre, la chair terre, les esprits vitaux air, le sang eau, le cartilage argile, et les étincelles de la volonté ne sont plus autre chose que l’élément du feu. Nous comptons dans cette classe la baleine, l’éléphant, l’hippopotame et diverses autres brutes, dans lesquelles on reconnaît évidemment une cumulation de matière, qui ne peut tarder à l’emporter sur les parties moins grossières de leur nature.

— Et cependant, docteur, il y a des faits qui contredisent cette théorie. L’éléphant, par exemple, passe pour un des quadrupèdes les plus intelligents.