Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/222

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habitants de Leaplow étaient excessivement légers et actifs ; et que, lorsque l’ordre en était donné, tous ceux qui formaient les deux lignes exécutaient cette manœuvre avec autant de promptitude et de précision qu’un régiment de ligne ferait un quart de conversion.

— Quoi ! Monsieur, m’écriai-je avec admiration, toute la population ?

— Oui, sir John. Il se trouve de temps en temps un maladroit qui la manque ; mais alors il est chassé des rangs, et on le compte pour rien.

— Mais il me semble, général, que vos évolutions ont un caractère trop général pour qu’elles puissent guider le hasard dans le choix des patriotes ; car le patriotisme est ordinairement un monopole.

— Vous avez raison, sir John, et j’en viendrai sans délai au point principal. Ce que je vous ai montré jusqu’ici est l’affaire de toute la population, comme vous l’avez fort bien dit ; car il n’existe presque personne qui ne soit en état de prendre les trois premières positions. Mais, comme vous pouvez le voir, les deux lignes se croisent à angles droits, et par conséquent près du point d’intersection il y a une plus grande foule, et par suite une plus grande difficulté. Nous commençons à appeler un Monikin patriote quand il peut y pratiquer l’évolution que vous allez voir.

Ici le commodore jeta ses talons en l’air avec une telle rapidité, que je ne pourrais décrire les mouvements qu’il exécuta, quoiqu’il fût évident qu’il agissait d’après le principe qu’il appelait rotatoire. Enfin, je le vis retomber avec une précision au-dessus de tout éloge dans la même position qu’il avait occupée.

— C’est ce que nous appelons la position n° 4. Celui qui peut exécuter cette manœuvre est considéré comme un adepte en politique, et il prend invariablement sa place près de l’ennemi, c’est-à-dire à peu de distance du point d’intersection des ligues hostiles.

— Comment ! Monsieur, ces lignes occupées par des citoyens du même pays sont-elles donc regardées comme ennemies ?

— Les chats et les chiens ne sont-ils pas ennemis, Monsieur ? Certainement nos citoyens, quoique se trouvant, pour ainsi dire, côte à côte, agissant d’après les mêmes principes, c’est-à-dire d’après la même impulsion rotatoire, et professant avoir le même