Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/282

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tions. Par-dessus tout, aimez les étrangers, car c’est parmi des étrangers que vous avez maintenant des devoirs à remplir ; et votre patrie confie à vos talents éminents tout le fardeau de ses intérêts dans cette partie du monde.

Après un silence de quelques instants, pendant lesquels il parut aussi content de lui-même que de son apprenti diplomate ; le juge ajouta qu’il allait se rendre à la cour pour prendre son audience de congé et présenter son substitut, après quoi il reviendrait nous joindre le plus tôt possible, n’ayant d’autres préparatifs à faire que de saupoudrer sa queue de poivre, afin de la mettre à l’abri des attaques des mites ; car Dieu savait quel lot il pourrait avoir lors de la dernière rotation de la petite roue.

Nous lui dîmes de venir nous joindre sur le port, et un messager venait de nous informer que le capitaine Poke était débarqué, et nous attendait avec impatience. Le juge, quand nous le quittâmes, nous promit de payer nos promesses à l’auberge, en donnant les siennes en place.

Le brigadier et moi nous trouvâmes Noé et le cuisinier en conférence avec une couple de courtiers de Leaphigh, qui, ayant appris que le bâtiment allait partir sur son lest, les engageaient à prendre une cargaison de leurs marchandises.

— Ce serait un véritable péché, sir John, dit Noé, de ne pas profiter de cette occasion de faire un petit profit. Ce navire pourrait contenir dix mille émigrants, et l’on dit qu’il y en a des millions qui vont à Leaplow. Je suis sûr que je pourrais y arrimer une bonne moitié de toutes les marchandises de l’Agrégation. Dans tous les cas, je suis résolu à user du privilège de ma cabine ; et je vous conseille en ami, comme fréteur du bâtiment, de chercher à gagner tout du moins de quoi payer les droits du port.

— L’idée n’est pas mauvaise, ami Poke ; mais comme nous ne savons pas quelles sont les marchandises qui sont le plus demandées dans le pays où nous allons, il serait bon de prendre sur ce sujet l’avis de quelque habitant du pays. Voici le brigadier Downright, en qui j’ai reconnu beaucoup d’expérience et de jugement, et nous entendrons d’abord, s’il vous plaît, ce qu’il peut avoir à nous dire sur cet objet.

— Je ne me mêle guère de marchandises, dit le brigadier ; mais, en principe général, je dirai que les marchandises de