Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/308

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pante, que Noé observa qu’il lui semblait qu’un grand niveau politique avait passé sur la ville comme pour donner une dernière touche à la contrée.

Comme nous faisions ces observations, quelqu’un s’approchait de nous au grand trot, et M. Downright dit aussitôt que cet individu désirait vivement faire connaissance. Surpris qu’il prétendît connaître un fait dont rien ne l’avait prévenu à l’avance, je me permis de lui demander sur quoi il supposait que nous étions les objets de cet empressement.

— Simplement parce que vous êtes de nouveaux arrivés. Cette personne fait partie de la classe, assez nombreuse parmi nous, des gens qui, dévorés d’une étroite ambition, courent après la célébrité ; — souhaits qui, pour le dire en passant, sont sur le point d’être exaucés sous plus de rapports qu’ils ne le désireraient. — Ils se jettent à la tête de chaque étranger, non par le sentiment d’une hospitalité franche et généreuse qui cherche à être utile aux autres, mais par celui d’une vanité irritable qui veut se satisfaire elle-même. Le Monikin libéral et éclairé se distingue aisément de cette clique ; il n’est ni honteux, ni enthousiasmé d’aucun usage, par la seule raison que ce sont ceux de son pays. Pour lui le mérite d’un objet consiste à être utile, agréable et convenable ; il choisit alors que les autres désirent ; il ne blâme ni n’approuve uniquement par imitation. — Il juge par lui-même et se sert de son expérience comme d’un guide respectable et utile, tandis que ceux-ci regardent comme le seul but de la vie d’atteindre ce qui est hors de la portée de leurs voisins. Ils recherchent les étrangers parce qu’ils ont décrété depuis longtemps qu’à l’exception d’eux-mêmes et d’un petit nombre d’amis, tout est bas et vulgaire dans les coutumes et la population d’une contrée où tout s’appuie sur les droits du peuple ; et ils ne sont jamais si heureux que lorsqu’ils reportent leurs regards sur les raffinements exquis de ce que nous appelons la Vieille Région[1] Ne pouvant cependant acquérir d’autres notions que celles que Dieu nous envoie et que nous pouvons tous recueillir dans les relations journalières, ils ne savent rien de ce qui se passe dans les autres pays, si ce n’est Leaphigh dont nous parvenons parler le langage ; et comme Leaphigh est aussi, dans

  1. Leaphigh.