Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/31

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femme, comme c’est l’usage de son sexe, s’entendait fort peu en affaires ; et quand une femme veut en entreprendre une d’une certaine importance, il lui arrive souvent de commettre de grandes méprises.

— Pourvu que les intentions de la défunte soient fidèlement exécutées, vous me trouverez satisfait.

— C’est ce que je croyais. Je savais qu’il ne pouvait y avoir de difficulté entre deux hommes de bon sens qui se réunissent dans d’honnêtes vues pour arranger une affaire de cette nature. L’intention de la pauvre Betsy, docteur, était de placer son enfant sous vos soins, dans la persuasion, — et je conviens qu’elle avait raison, — qu’il tirerait plus de profit de vos connaissances que des miennes.

Le docteur Etherington était trop honnête pour nier cette vérité, et trop poli pour l’admettre sans un salut de remerciement.

— Comme nous sommes du même avis sur les préliminaires, mon cher Monsieur, continua mon père, nous entrerons un peu plus avant dans les détails de cette affaire. Il me paraît de stricte justice que celui qui fait l’ouvrage reçoive la récompense. — C’est un principe dans lequel j’ai été élevé, docteur ; un principe que je désire voir inculquer à mon fils, et que j’espère toujours mettre en pratique.

Une autre inclination de tête annonça l’assentiment du ministre.

— Or, la pauvre Betsy, — que le ciel la bénisse ! car c’était une femme douce et tranquille, et elle mérite bien d’être récompensée dans l’autre vie future ; — la pauvre Betsy, comme je le disais, s’entendait fort peu en affaires. En donnant dix mille livres sterling à un établissement de charité, elle croyait faire une bonne œuvre, tandis que, par le fait, elle commettait une injustice. Si vous avez la peine et embarras d’élever et d’instruire l’enfant, quel autre que vous doit en recevoir la récompense ?

— Je compte, monsieur Goldencalf, que vous fournirez les moyens de pourvoir à tous les besoins de votre fils.

— Il est inutile de parler de cela, Monsieur, répliqua mon père avec promptitude et fierté. Je suis un homme prudent et circonspect ; un homme qui connaît la valeur de l’argent, je m’en flatte : mais je ne suis point un avare, et je n’épargnerai rien pour mon propre sang. Mon fils ne manquera jamais de rien de ce qu’il sera