aux rivières, aux montagnes, et par-dessus tout à Bivouac ! respect au Wide-Path ! Nous sommes un peuple éminemment sensible, et nous prenons intérêt à la réputation même de nos souches et de nos pierres ; les philosophes de Leaplow s’accordent tous sur ce sujet.
— Nom d’un roi !
— Pourriez-vous, brigadier, nous expliquer cette étrange singularité ?
— Vous n’ignorez sûrement pas à quel point la propriété est sacrée ! nous avons un grand respect pour elle, Monsieur, et nous n’aimons pas à entendre déprécier ce qui nous appartient. Mais plus les sarcasmes dirigés sur la masse seront piquants ; et plus on croira votre intelligence supérieure.
Ici nous nous retournâmes vers M. Wriggle, qui mourait d’envie qu’on s’occupât encore de lui.
— Ah ! gentlemen, vous arrivez de Leaphigh ! — Il avait questionné un de ceux qui nous accompagnaient. — Que fait ce peuple grand et stable ?
— Ce qu’il fait d’ordinaire, Monsieur ; — il est grand et stable.
— Je pense cependant que nous sommes tout à fait ses égaux ; — pourquoi pas ? branches du même tronc ?
— Non, Monsieur, tronc des mêmes branches.
M. Wrrggle sourit, parut enchanté du compliment, et je regrettais de ne pas lui en avoir fait un moins raffiné encore.
— Bien, Mogol : à quoi s’occupent à présent nos bisaïeuls ? déchirent-ils toujours cette sublime structure d’une constitution qui a été si longtemps une merveille du monde et l’objet de mon admiration spéciale ?
— Ils parlent de changement, Monsieur, mais je crois qu’aucune innovation importante n’a été faite ; le primat de Leaphigh a encore, comme j’ai en l’occasion de l’observer, sept nœuds à sa queue.
— Ah ! Monsieur, ce peuple est admirable, dit Wriggle en jetant un regard plein de regret sur sa queue écourtée, qui, je l’appris ensuite, n’avait jamais été qu’une queue avortée : je déteste le changement, Monsieur, et si j’étais un Leaphigher, je mourrais avec ma queue.
— Un peu d’enthousiasme est permis à celui pour qui la nature a été naguère si généreuse.