de suivre leur exemple. La semaine suivante sa banqueroute fut déclarée, par suite des spéculations extravagantes qu’il avait faites dans les fonds publics, et je ne reçus que trois shillings quatre pence par livre pour son billet de soixante-trois mille livres sterling.
Quand j’eus reçu cette somme, je ne pus m’empêcher de m’écrier mentalement : — Les propriétés sont en danger, sir Joseph !
lie lendemain matin, sir Joseph Job fit la balance de ses comptes avec le monde en se coupant le cou.
CHAPITRE V.
es affaires de mon père étaient presque aussi faciles à arranger
que celles d’un mendiant. En vingt-quatre heures j’en eus
une parfaite connaissance, et je me trouvai, sinon le plus riche,
du moins un des plus riches sujets de quelque souverain que ce
fût de l’Europe. Je dis sujets parce que les souverains ont souvent
une manière de s’approprier ce qui appartient aux autres qui
rendrait ridicule toute concurrence avec eux. Mon père ne laissait
aucune dette, et quand il y en aurait eu, l’argent comptant ne
manquait pas pour les payer. La somme disponible qui était
entre les mains de son banquier aurait été seule une fortune.
Le lecteur peut maintenant supposer que j’étais complètement heureux. J’étais maître de mon temps ; personne n’avait une réclamation à faire sur mes biens, et j’étais en possession d’un revenu qui excédait celui de plusieurs princes souverains. Je n’avais contracté aucune habitude de dépense ou de dissipation ; je n’avais ni chevaux, ni chiens, ni train de maison, ni domestiques pour me causer des embarras et des tourments ; j’étais donc complètement mon maître, excepté sur un seul point. Ce point était ce sen-