Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/61

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de Brunswick, ce glorieux édifice a résisté aux tempêtes des factions ; il a été en état de recevoir sous son toit tutélaire les éléments les plus opposés de divisions intestines, et de procurer protection, logement, nourriture et vêtement, au dernier des sujets de ce royaume. » Et, par un geste heureux, il appuya la main en ce moment sur l’épaule d’un boucher, qui, sous son surtout de toile de Frise, avait l’air d’un bœuf gras. « Et ce n’est pas tout, » ajouta-t-il, « c’est une constitution particulièrement anglaise ; et qui serait assez bas, assez vil, assez ennemi de lui-même, de ses pères, de ses descendants, pour abandonner une constitution qui est entièrement et essentiellement anglaise, — une constitution qu’il a reçue de ses ancêtres, et qu’il est tenu, par toutes les obligations divines et humaines, de transmettre sans changement à sa postérité ? » Ici l’orateur, qui continuait de parler, fut interrompu par un tonnerre d’applaudissements qui prouvait qu’il en avait dit assez sur cette partie de son sujet.

De la constitution considérée en masse, l’orateur passa aux détails, en parlant du bourg de House-Holder, dont il fit un grand éloge : d’après ce qu’il dit de cette partie du gouvernement, les habitants de ce bourg étaient animés du plus noble esprit d’indépendance ; fermement déterminés à soutenir le ministère, dont il était le membre le plus indigne, en même temps qu’ils savaient apprécier leurs droits et leurs privilèges. Jamais on n’avait vu ce bourg loyal et judicieux accorder ses faveurs à ceux qui n’avaient pas un intérêt dans la communauté sociale : ils comprenaient ce principe fondamental d’un bon gouvernement, qu’on ne devait se lier qu’à ceux qui possédaient un crédit visible et étendu dans le pays ; car, sans cette garantie d’honnêteté et d’indépendance, les électeurs ne pouvaient s’attendre qu’à des pratiques de corruption, et à un trafic de leurs droits les plus précieux, qui pourraient détruire les glorieuses institutions à l’abri desquelles ils vivaient. Cette partie de sa harangue fut écoutée dans un silence respectueux, et bientôt après le candidat termina son discours. Les électeurs se dispersèrent alors emportant sans doute une meilleure opinion d’eux-mêmes et de la constitution, qu’ils ne l’avaient eue depuis la dernière élection.

La taverne étant complètement pleine, le hasard me fit dîner avec un procureur qui, pendant toute la matinée, avait montré beaucoup d’activité au milieu des électeurs. Il était, comme il me