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CHAPITRE VIII.


Introduction de quatre nouveaux personnages. — Quelques idées philosophiques. — Pensées importantes sur l’économie politique.



Le groupe qui attirait mon attention se composait de six individus. Deux étaient des animaux du genus homo, ce qu’on appelle vulgairement l’homme. Les autres appartenaient à l’ordre des primates, classe des mammalia, en termes vulgaires, des singes.

Les deux premiers étaient Savoyards, et l’on peut en faire la description en termes généraux comme étant sales, en guenilles et carnivores ; pour la couleur, basanés ; pour les traits et l’expression, cupides et rusés, et pour l’appétit, voraces. Les autres étaient de l’espèce ordinaire, de la taille commune, et d’une gravité convenable. Il y en avait deux de chaque sexe, et ils étaient parfaitement assortis quant à l’âge et aux avantages extérieurs.

Les singes portaient plus ou moins le costume adopté par notre civilisation européenne ; mais on avait donné un soin tout particulier à la toilette du plus âgé des deux mâles. Il avait un habit de hussard, coupé d’une manière qui aurait donné à une partie de son corps des contours plus militaires que ne le comportait son véritable caractère, sans un jupon rouge qui était plus court que de coutume. C’était pourtant moins dans la vue de montrer un joli pied et une jambe bien faite, que pour laisser à ses membres inférieurs la faculté d’exécuter certaines évolutions extravagantes, que les Savoyards exigeaient sans pitié de son agilité naturelle. Il portait un chapeau à l’espagnole, décoré de quelques plumes sales, une cocarde blanche et un sabre de bois ; il tenait en outre en main un petit balai.

Remarquant que mon attention était fortement fixée sur ce groupe, les misérables Savoyards commencèrent sur-le-champ