Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/188

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En ce qui concernait ce bâtiment, ce nouvel examen n’apprit presque rien de plus. Il était à sec sur le sable, où il avait probablement été jeté par l’ouragan qu’on venait d’essuyer, et le capitaine reconnut à différents signes, qu’il avait été pillé au moins en partie. On ne pouvait en distinguer davantage à cette distance ; et le travail dont on s’occupait à bord du Montauk était trop urgent pour qu’on pût y envoyer un canot. Cependant, M. Blunt, M. Sharp, M. Lundi et les domestiques des deux premiers s’offrirent pour y conduire le cutter, et il fut enfin décidé qu’on irait reconnaître les faits, le capitaine lui-même se chargeant de la conduite de l’expédition. Pendant qu’on met le cutter en mer, un mot d’explication suffira pour faire comprendre au lecteur comment le Montauk s’était tellement approché de la terre.

Ce bâtiment était alors si près de la côte, qu’il était évident qu’il y avait été poussé par un courant qui régnait le long de la côte, mais qui probablement avait plus de force au large. La dérive insensible qui avait eu lieu pendant tant d’heures qui s’étaient écoulées depuis l’observation faite la veille par le capitaine, et l’instant où l’on avait découvert la côte, avaient suffi pour porter le Montauk à une grande distance ; et c’était à cette cause toute simple, jointe peut-être à quelque négligence de l’homme qui était à la roue la nuit précédente, qu’on devait uniquement attribuer la situation dans laquelle il se trouvait alors. Le peu de vent qu’il faisait en ce moment venait de terre, et en maintenant le cap vers la mer ; le capitaine Truck ne doutait pas qu’il ne pût éviter le malheur qui était arrivé a l’autre bâtiment pendant la fureur de l’ouragan. Un naufrage inspire toujours le plus vif intérêt aux marins, et, tout bien considéré, M. Truck, comme nous l’avons dit, était déterminé à connaître toute l’histoire du bâtiment qu’on avait sous les yeux, autant que les circonstances le permettaient.

Il y avait trois embarcations à bord du Montauk : une chaloupe, grande, solide et bien construite, placée sur ses chantiers, suivant l’usage, entre le mât de misaine et le grand mât ; un cutter et un canot. La perte du grand mât rendait presque impossible de mettre la première en mer, mais les deux autres, hissées de chaque côté sur des bossoirs, pouvaient aisément s’y descendre. Les paquebots portent rarement des armes, à l’exception d’un petit canon pour faire des signaux, les pistolets du capitaine et peut-être un ou deux fusils de chasse. Heureusement les passagers étaient mieux pourvus ; tous avaient des pistolets, excepté M. Lundi et M. Dodge, qui appartenaient à peine à cette catégorie, comme aurait dit le capitaine Truck,