Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/215

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mâts majeurs. Cependant, avant d’amener les basses vergues, on avait enlevé la chaloupe de dessus son chantier, et on l’avait aussi placée à côté du bâtiment sur des appuis préparés pour la recevoir. Le capitaine appela alors tout équipage sur le sable, et la chaloupe fut mise à la mer, opération qui offrit quelque difficulté, attendu qu’il survenait de temps en temps de fortes lames. Dès qu’elle fut à flot, on la conduisit près des rochers, et l’on y embarqua les manœuvres dormantes et les voiles qui avaient été déverguées à mesure que les vergues avaient été amenées. On trouva deux ancres et on attacha une aussière à l’une d’elles, et la chaloupe fut conduite au dela de la barre et mise à l’ancre. Des cordes ayant été apportées, on réunit les vergues dans le même endroit, et on les attacha solidement ensemble pour la nuit. Une grande quantité de manœuvres courantes, plusieurs poulies et divers autres objets occupant peu d’espace, furent portés dans les embarcations du Montauk. Enfin on mit en mer le canot du bâtiment danois, qui était encore suspendu à l’arrière. Par ce moyen, le capitaine avait alors quatre embarcations, dont l’une était très-grande et en état de porter un chargement considérable.

Il était alors si tard et il faisait si obscur, que le capitaine Truck résolut de suspendre ses travaux jusqu’au lendemain matin. Au moyen de quelques heures de travail et d’activité, il s’était mis en possession des vergues, des voiles, des manœuvres dormantes et courantes, des canots et de beaucoup d’autres objets utiles, quoique moins essentiels, et il ne restait d’autre objet important que les trois mâts majeurs à bord du bâtiment échoué. Mais ces trois mâts étaient ce qu’il y avait de plus essentiel pour le capitaine Truck ; sans eux il n’aurait gagné que bien peu de chose à tout ce travail, car il avait sur son bord des voiles et des vergues de rechange, dont il aurait pu se servir faute d’autres ; mais c’était la base qui lui manquait, et il n’avait pris le reste que pour ne pas être obligé de se servir de vergues et de voiles qui n’étaient pas faites les unes pour les autres.

À huit heures du soir, l’équipage soupa et se prépara ensuite à se coucher. Le capitaine s’entretint avec ses deux lieutenants sur la manière de disposer ses gens pour la nuit, et il fut décidé qu’il garderait avec lui sur le bâtiment danois dix hommes bien armés, et que les autres iraient dormir sur les embarcations qu’on avait amarrées à la chaloupe, qui était à l’ancre en dehors de la barre. Ils s’y couchèrent sur les voiles, et à l’exception des hommes de veille, qu’on avait eu la précaution d’établir, les autres, de même que ceux qui étaient restés sur le bâtiment échoué, furent bientôt aussi profondément