Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/278

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un péril si extrême, d’une manière à laquelle nous ne nous attendons pas.

— Examinons-les encore une fois. Il vient de se faire un mouvement parmi les Arabes, et je crois que leur nombre s’est encore augmenté.

Ils montèrent sur le toit du rouffle ; M. Blunt prit une longue vue, et après une minute d’examen attentif, il baissa le bras, et l’expression de sa physionomie annonça quelque nouveau sujet d’inquiétude.

— Est-il possible que notre situation soit encore empirée ? demanda vivement M. Sharp.

— Ne vous rappelez-vous pas un pavillon qui était à bord du bâtiment échoué, — celui qui nous fit connaître qu’il était danois ?

— Certainement, il était attaché aux drisses sur le gaillard d’arrière.

— Eh bien ! ce pavillon est déployé à présent dans le camp des Arabes. Vous pouvez le voir, là, au milieu des tentes qui ont été dressées par la troupe qui est arrivée pendant que nous étions à causer sur le gaillard d’avant…

— Et vous en concluez…

— Que nos amis sont captifs. Ce pavillon était sur le bâtiment quand nous y avons été ; si les Arabes y étaient retournés avant que le capitaine y fût arrivé, il serait revenu depuis longtemps ; il a donc fallu, pour qu’ils se missent en possession de ce pavillon, qu’ils se soient rendus maîtres du bâtiment après l’arrivée de nos amis, ce qu’ils n’ont guère pu faire sans combat, et je crains que ce pavillon ne prouve de quel côté est restée la victoire.

— Ce serait la consommation de nos infortunes.

— Oui sans doute ; car il faut à présent renoncer au faible espoir que nous conservions d’être secourus par les embarcations.

— Au nom du ciel ! regardez encore, et voyez si ces misérables ont beaucoup avancé dans la construction de leur radeau !

Un long examen eut lieu, car c’était de ce point seul que semblait alors dépendre le destin de tous ceux qui étaient restés à bord du Montauk.

— Ils travaillent avec ardeur, dit enfin M. Blunt ; mais ce qu’ils font ressemble moins à un radeau qu’à un paravent. — Ils attachent les espars en longueur, — c’est une lueur d’espérance, — ou plutôt c’est ce qui aurait été un sujet d’espérance, si nos amis leur avaient échappé.

— Voyez-vous donc quelque chose qui puisse nous encourager ?