Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/354

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noques à leurs jaquettes. Deux autres hommes étaient également prêts au pied du grand mât et du mât d’artimon. Paul était près du canon avec trois hommes. John Effingham, M. Sharp et les meilleurs tireurs de l’équipage étaient placés sur le gaillard d’avant, armés de mousquets et de fusils de chasse.

— Tout le monde est-il prêt ? cria le capitaine, debout sur le gaillard d’arrière.

— Tous, oui, oui, capitaine ! répondit-on de différents côtés.

— Bordez la brigantine !

Dès que cette voile fut déployée, l’arrière du bâtiment tourna vers la passe, de sorte que l’avant se trouva faire face à la partie du récif où les Arabes étaient en plus grand nombre.

— Ferme, mes enfants ! pas de précipitation, mais soyez agiles comme des chats sauvages. — En haut ! courage !

Les deux hommes qui étaient près du mât de misaine, et ceux qui étaient près des mâts de l’arrière, s’élancèrent dans le gréement, et ils montaient déjà avant que le capitaine eût fini de parler. Au même instant un des trois qui étaient près du canon sauta sur le beaupré et courut à l’étai. Paul et les deux autres se levèrent et poussèrent le canon à l’endroit qu’il devait occuper ; et ceux qui étaient armés de fusils se montrèrent le long des lisses du plat-bord.

Tant de monde, par un mouvement rapide, se montrant en même temps dans tout le gréement, l’attention des Arabes fut un instant partagée, et ils ne tirèrent qu’au hasard. Paul savait que le moment du plus grand danger serait celui où les hommes qui montaient seraient stationnaires, et il ne se pressa point. Il passa une demi-minute à choisir son but et à pointer son canon, et enfin le coup partit. Il avait pris le meilleur moment, car M. Leach et son compagnon étaient déjà sur la vergue de misaine, et les Arabes avaient quitté leur abri dans leur empressement de les ajuster. Une volée de mousqueterie y succéda, et c’était à peu près tout ce qu’il était possible de faire pour prendre l’offensive, car presque toute la poudre qui était sur le bâtiment était consommée.

Il reste à dire quel fut le résultat de cette mesure. Plusieurs Arabes tombèrent ; ceux qui étaient les plus exposés au feu du bâtiment reculèrent en désordre, et perdirent plus d’une minute à se remettre de leur confusion ; mais ceux qui étaient plus loin continuèrent un feu bien nourri, après le premier moment de surprise. Ce que nous allons rapporter ne prit pas plus de trois minutes, les mouvements de tous les hommes ayant été simultanés.

Le marin qui était sur l’avant, quoique le plus près de l’ennemi,