Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/397

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toutes sortes de vices, et font voir ainsi la tendance monstrueuse de ce système. »

— Mais je vous prie, monsieur Dodge, dit John Effingham, n’avez-vous rien dit de ce que font les habitants de Bruxelles pour se dédommager de l’ennui d’avoir toujours à marcher sur une surface plane ?

— Non, Monsieur, je dois l’avouer ; je donnais toute mon attention aux institutions du pays et à l’état de la société ; mais je puis aisément me figurer combien ils doivent s’ennuyer d’être toujours à marcher sur un terrain plat.

— Eh bien ! Monsieur, ils ont réussi à former une rue depuis le toit de leur cathédrale jusqu’en bas ; et maintenant on les y voit trotter à toute heure du jour.

M. Dodge le regarda avec un air de méfiance ; mais John Effingham conserva toute sa gravité. Après une pause de quelques instants, il continua :

— Les usages de Brocksills sont un mélange de ceux de la haute et de la basse Hollande. Le roi étant Polonais, petit-fils d’Auguste, roi de Pologne, désire introduire à sa cour les usages de la Russie, tandis que sa jeune et aimable épouse, qui est née dans le New-Jersey ou son illustre père tenait l’école de Haddonfield, a été imbue de bonne heure de ces principes de républicanisme qui distinguent si éminemment Sa Grâce l’honorable Louis-Philippe Orléans, roi actuel des Français. »

— Monsieur Dodge, dit M. Sharp, tous les historiens seront prêts à vous couper la gorge d’envie.

— Que puis-je y faire, Monsieur ? J’ai senti qu’il était de mon devoir de ne pas laisser échapper les excellentes occasions qui se sont présentées à moi ; et l’Amérique est un pays dans lequel un éditeur ne peut jamais espérer de tromper ses lecteurs. Nous leur citons des faits, monsieur Sharp ; et, quoiqu’il puisse se faire que ce ne soit pas votre coutume en Angleterre, la vérité est toute-puissante, et elle prévaudra. Mais continuons. « Le royaume des Belges contient un territoire qui est à peu près de la même étendue que la partie du Connecticut située au nord-est ; et la population peut être aussi nombreuse que celle de la tribu indienne des Creeks, qui habitent les parties les plus sauvages de notre état de Géorgie. »

— De pareils détails portent la conviction dans l’esprit, dit Paul, et surtout quand ils ont le mérite d’être donnés par un témoin oculaire.

— À présent, Messieurs, je retournerai avec vous à Paris ; j’y ai