Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/436

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motion qu’a causée sur ce bâtiment la mission désagréable dont il était chargé.

Éve y consentit de la meilleure grâce. Le jeune capitaine s’avança sur-le-champ et fit ses excuses aux dames, qui les reçurent de la manière la plus gracieuse.

— C’est un emploi tout nouveau pour moi, ajouta-t-il, que d’avoir à arrêter des criminels.

Les mots des criminels sonnèrent désagréablement aux oreilles d’Ève, et elle sentit qu’elle pâlissait.

— Quoique nous en regrettions la cause, dit M. Effingham, nous pouvons facilement nous passer de l’individu que vous allez nous enlever ; car, dès le premier moment qu’il s’est montré, nous savions que c’était un imposteur. Mais n’y a-t-il pas quelque méprise ? Voici la troisième malle marquée P. P. que je vois porter dans la chaloupe.

Le capitaine Ducie sourit et répondit :

— Vous croirez que c’est un mauvais calembour, si je me borne à vous dire P. P. ; mais voyons. Et il leur montra Paul Powis, qui entrait accompagné du capitaine Truck. Ce dernier parlait avec vivacité, gesticulait en montrant la corvette, et serrait fortement la main de son compagnon.

— Dois-je en conclure, dit M. Effingham avec surprise, que M. Powis va aussi nous quitter ?

— Il me fait aussi la faveur, dit le capitaine Ducie, en appuyant avec un accent singulier sur ce dernier mot, de m’accompagner en Angleterre.

À cette annonce inattendue, il y eut un instant de silence, pendant lequel Paul s’approcha de ses amis. Il s’efforça de montrer du calme, et sourit même en leur adressant la parole.

— Quoique j’échappe à l’honneur d’être escorté par un détachement de soldats, dit-il, et Ève pensa qu’il le disait avec amertume, — je me trouve aussi obligé de quitter ce bâtiment. Le hasard m’a jeté plusieurs fois dans votre compagnie, monsieur Effingham ; si j’avais jamais le même bonheur, j’espère qu’il me serait permis de me présenter à vous comme une ancienne connaissance.

— Nous nous souviendrons toujours avec reconnaissance, monsieur Powis, des services importants que vous nous avez rendus, répondit M. Effingham, et je ne cesserai jamais de désirer de voir arriver le jour ou j’aurai le plaisir de vous recevoir chez moi.

Paul prit la main de mademoiselle Viefville, et la baisa avec un air de galanterie. Il en fit autant à l’égard d’Ève, et elle sentit la main du