fût pas sans quelque regret qu’ils s’éloignèrent de cet endroit charmant, et les voyageurs s’arrêtèrent plusieurs fois pour jeter encore un coup d’œil sur ce beau paysage.
— Imaginez-vous, dit Ève, les rives de ce lac bordées de belles maisons de campagne, des tours surmontant des églises parmi toutes ces hauteurs ; chaque montagne couronnée d’un château ou couverte de ruines, et tous les autres accessoires d’un état de société plus ancien ; quels seraient alors les charmes d’une telle vue !
— Elle en aurait moins qu’aujourd’hui, miss Effingham, dit M. Powis, car quoique la poésie exige… Vous souriez tous ? — Est-il défendu de parler de poésie ?
— Pas du tout, pourvu que ce soit en bons vers, répondit le baronnet. Il est bon que vous sachiez qu’on attend même de vous que vous ne parliez qu’en vers.
Paul se tut, ne sachant que répliquer, et toute la compagnie se mit en marche avec gaieté, Aristobule en montrant autant que les autres, quoiqu’il sût à peine pourquoi. Mais un trait dominant de son caractère était de ne vouloir jamais rester en arrière de qui que ce fût.
CHAPITRE X.
epuis le jour qui avait suivi leur arrivée à New-York, et
celui où les journaux avaient parlé des arrestations faites à bord
du paquebot par le croiseur anglais, nos voyageurs avaient fort
peu parlé de Paul Powis, et de la manière extraordinaire dont il
avait quitté le Montauk, à l’instant où il allait entrer dans le port.
Il est vrai que M. Dodge, en arrivant à Dodgeopolis, s’était étendu
sur ce sujet dans son journal hebdomadaire, en y ajoutant des
détails puisés dans son imagination et ses propres conjectures, de
manière à attirer l’attention dans l’intérieur du pays ; mais comme
c’est l’usage de ceux qui se supposent à la source des nouvelles
étrangères, de ne prendre aucune information de ceux qui de-