de tyrannie, la tyrannie de la populace est celle que j’ai le plus en horreur.
— Vous aviez coutume d’admirer le système de gouvernement de l’Angleterre dit M. Effingham en souriant d’une manière que son cousin comprit fort bien ; mais je crois que vos observations ont un peu diminué votre admiration.
— Écoutez, Édouard, nous concevons tous, de fausses idées dans notre jeunesse, et je n’ai pas été plus infaillible que les autres ; mais s’il fallait choisir entre les deux, j’aimerais mieux la froide et entêtée domination des lois anglaises, que de consentir à être foulé aux pieds par le premier vagabond à qui il peut arriver de traverser cette vallée en courant après des dollars. Il y a une chose dont vous devez convenir vous-même, c’est que le peuple a trop de penchant à négliger les devoirs qu’il devrait remplir, et à s’acquitter de ceux dont il n’est aucunement chargé.
Cette remarque, pleine de vérité, termina la conversation.
CHAPITRE XVI.
e village de Templeton, comme on l’a déjà dit, était une ville
en miniature. Quoiqu’il contînt dans son enceinte une demi-douzaine de maisons ayant un jardin, et distinguées par un nom,
comme nous l’avons également dit, sa surface ne couvrait pas
plus d’un mille carré. Cette disposition à la concentration, qui
est aussi particulière à une ville d’Amérique que la disposition
à s’étendre est remarquable dans les campagnes, et qui semble
même exiger qu’une maison n’ait que trois fenêtres à sa façade
et vingt-cinq pieds de largeur sur la rue, avait présidé à la naissance
de ce village, comme à celle d’un grand nombre de ses
prédécesseurs et de ses contemporains.
Dans une des rues les plus retirées de Templeton demeurait une dame possédant une petite fortune, qui avait cinq enfants, et qui était très-habile dans l’art de faire circuler les nouvelles.