Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/249

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être utiles. Vous m’avez déjà dit assez de choses sur votre situation personnelle pour me donner presque le droit de demander à en savoir davantage.

John Effingham prononça ces mots du ton le plus doux et le plus propre à inspirer la confiance, et peu de personnes auraient pu, dans une telle occasion, donner à leur voix et à leurs regards une plus grande force de persuasion. Les traits de Paul s’agitèrent, et il fut évident à son compagnon qu’il était ému, mais qu’il n’était pas mécontent.

— Je suis reconnaissant, Monsieur, très-reconnaissant de l’intérêt que vous prenez à moi, répondit Paul ; et si je savais sur quels points vous désirez des informations, il n’y a rien que je puisse vouloir vous cacher. Ayez donc la bonté de me faire des questions, afin que je n’aie pas à vous parler de choses qu’il vous importerait peu de savoir.

— Tout ce qui concerne réellement votre bonheur aurait de l’intérêt pour moi. Vous avez été l’instrument de la Providence pour me sauver, moi et ceux que j’aime le plus au monde, d’un destin pire que la mort ; et étant garçon et sans enfants, j’ai pensé plus d’une fois à essayer de vous tenir lieu des amis que je crains que vous n’ayez perdus. Vos parents…

— Sont morts l’un et l’autre. Je ne les ai jamais vus, dit Paul avec un sourire mélancolique, et j’accepterai bien volontiers votre offre généreuse si vous me permettez d’y mettre une condition.

— Un mendiant doit se contenter de ce qu’on lui donne, répondit John Effingham souriant à son tour ; et si vous me permettez de prendre à vous un intérêt personnel et que vous m’accordiez quelquefois la confiance due à un père, je ne serai pas exigeant. Quelle est la condition dont vous parlez ?

— C’est que le mot « argent » soit rayé de notre vocabulaire, et que vous ne changiez rien à votre testament. Vous chercheriez dans le monde entier que vous ne pourriez trouver une plus digne et plus aimable héritière que celle que vous avez déjà choisie, et que la Providence vous a donnée. Auprès de vous je ne suis pas riche, mais j’ai une fortune honnête, et comme il est probable que je ne me marierai jamais, elle suffira à tous mes besoins.

John Effingham fut plus charmé qu’il ne voulut le dire de cette franchise et de la sympathie secrète qui existait entre eux ; mais il sourit de la condition qui lui était imposée, car, au su d’Ève, et