Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/257

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vous décider, vous et le plus de dames qu’il sera possible, à vous fier à ma science navale pour vous conduire dans un endroit où nous trouverons le capitaine avec son ami le commodore, ou pour aller faire un pique-nique sur la pointe, comme vous le jugerez plus à propos.

— Et j’emploierai mon influence pour que cet engagement soit tenu. Mistress Bloomfield a déjà témoigné le désir de faire une promenade sur le lac, et je ne doute pas que je ne trouve encore d’autres compagnes. Permettez-moi de vous remercier encore une fois de cette attention, car je connais trop bien votre goût pour ne pas sentir que vous pourriez trouver un objet de vos soins plus agréable.

— En vérité, j’ai une sincère estime pour notre vieux capitaine, et bien souvent je ne désirerais pas une meilleure compagnie que la sienne. Mais quand il serait aussi désagréable que je le trouve franc et aimable, vos désirs suffiraient pour me cacher tous ses défauts.

— Vous avez appris, monsieur Powis, qu’on se souvient des petites attentions aussi bien que des services importants, et après nous avoir sauvé la vie, vous désirez prouver que vous savez vous acquitter des petits devoirs sociaux aussi bien que des grands. J’espère que vous déciderez sir George Templemore à être de la partie, et à quatre heures nous serons prêtes à vous accompagner. Jusqu’alors j’ai promis à mistress Bloomfield un petit commérage dans son cabinet de toilette.

Nous quitterons maintenant la compagnie qui est restée à terre, pour suivre ceux qui sont déjà sur le lac, c’est-à-dire les deux pêcheurs. Le commencement des relations entre le navigateur sur l’eau salée et le navigateur sur l’eau douce fut tant soit peu contraint. Les termes de leurs professions respectives ne s’accordaient presque en rien ; et quand le capitaine employait une expression technique, le commodore l’entendait presque toujours dans le sens contraire. Cette circonstance rabaissa dans l’esprit du capitaine le digne commodore, qui était pourtant très-habile dans sa profession, mais qui l’exerçait comme sur un lac et non comme sur l’Océan. En un mot, quand ils arrivèrent dans un endroit favorable à la pêche, le capitaine commençait à concevoir une idée du commodore qui n’était pas d’accord avec la déférence due à son rang.

— Je suis venu avec vous, commodore, dit le capitaine Truck