Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/290

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cette journée et pour tous ceux qui l’honorent. On m’a dit que la soirée, qui promet d’être assez sombre, se terminera par un divertissement particulier à Templeton, — « le divertissement du feu. »

— C’est un nom qui promet quelque chose de brillant.

Toute la compagnie arrivait en ce moment au wigwam.

Le divertissement du feu n’eut lieu nécessairement que plus tard. Quand la nuit fut tombée, toute la population se rendit dans la grande rue, que sa largeur rendait propre à cet amusement. La plupart des femmes étaient aux fenêtres, ou placées sur des échafauds d’où elles pouvaient tout voir. La compagnie du wigwam occupait un grand balcon de la principale auberge du village.

La première scène consista en fusées volantes, qui firent autant d’honneur au climat qu’à la perfection de la science pyrotechnique à Templeton. On en alluma quelques-unes dès que l’obscurité fut assez épaisse pour leur prêter de l’éclat. Des soleils, des pétards et des serpenteaux y succédèrent, tous de la nature la plus primitive, s’il y a quelque chose de primitif dans de pareils amusements. Un ou deux ballons parurent ensuite. Le divertissement du feu devait être la clôture des réjouissances, et il valait certainement tout ce qui l’avait précédé, en y comprenant le pain d’épices et la bière d’épicéa.

Une balle enflammée, lancée par la porte d’une boutique, fut le signal du commencement de cet amusement. C’était tout simplement une boule de laine saturée de térébenthine, et elle répandit une lumière brillante jusqu’à ce qu’elle fût consumée. Dès que le premier de ces météores brilla dans la rue, on entendit un cri général poussé par les enfants, les apprentis et tous les jeunes gens et quelques instants après, une grande quantité de balles semblables furent lancées de même, et illuminèrent toute la rue. L’amusement consistait à jeter les balles avec hardiesse, et à les éviter avec dextérité, et une sorte de rivalité à cet égard ne tarda pas à se montrer.

Il en résultait certainement un bel effet. Des masses d’objets cachés par les ténèbres étaient tout à coup frappées d’une vive lumière, et l’on voyait une partie de la foule derrière une clarté pareille à celle qu’aurait produite un feu de joie, tandis que d’un autre côté des espèces d’ombres semblaient errer dans les ténèbres, qui permettaient à peine de distinguer la figure humaine.