Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/312

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à un particulier de rendre la vérité utile, eu quelque pays que ce soit, dans une affaire d’intérêt public, et les hommes en place ne l’essaient que bien rarement ou jamais, à moins que ce ne soit pour arriver directement au but d’un parti. C’est pourquoi nous voyons tant de nos agents en pays étranger abjurer les principes de nos institutions : — ils savent fort bien que personne ne pourra dévoiler leur conduite. Indépendamment de ce motif, les classes qui sont considérées comme les plus élevées dans ce pays, désirent si vivement un changement dans ces institutions que les abjurer serait à leurs yeux un mérite plutôt qu’un crime. Les autres nations ne sont sûrement pas traitées si cavalièrement ?

— Non certainement. L’agent d’un prince qui prononcerait seulement à demi-voix une seule syllabe contre son maître, serait rappelé et disgracié ; mais celui qui sert un peuple est dans une situation toute différente ; il y a tant de monde à persuader qu’il est coupable ! Je pourrais parer toutes les attaques que les Européens aiment tant à faire contre le système du gouvernement américain, à l’exception de celles qu’ils puisent dans les discours de nos propres agents diplomatiques.

— Pourquoi nos voyageurs n’en rendent-ils pas compte ?

— La plupart n’ont pas d’assez bons yeux pour s’en apercevoir. Ils dînent à une table diplomatique, y voient quelques décorations, croient avoir une grande obligation d’y avoir été invités, et louent une élégance qui n’existe que dans leur cerveau. Quelque-suns pensent comme ceux qui blâment nos institutions et n’y voient aucun mal ; d’autres calculent le tort qu’ils pourraient se faire aujourd’hui, et le plus grand nombre s’imaginent donner une plus grande preuve de patriotisme en tournant une belle phrase sur « l’énergie comparative » et « l’intelligence supérieure » de leurs concitoyens, qu’en faisant connaître un fait honteux pour la nation, en supposant qu’ils aient eu l’occasion de le découvrir. Quoique personne n’ait une plus haute opinion que moi des Américains en ce qui concerne les choses pratiques, personne ne peut leur accorder moins de capacité pour distinguer entre les apparences et la réalité en matière de principes.

— Il est probable que, si nous étions plus près du reste du monde, ces abus n’existeraient pas, car il est certain qu’ils n’ont pas lieu, si ouvertement dans le pays même. Je suis pourtant charmée d’avoir appris que, même quand vous aviez quelque