Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/378

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qui nous a mariés, suivi de sa déclaration que j’avais pris le nom de John Assheton à la cérémonie.

— Un tel homme, cousin John, était indigne de l’habit qu’il portait.

— Je pense tout différemment, ma chère Ève. Ce ministre, lors de la célébration du mariage, ignorait que j’eusse pris un faux nom ; ce ne fut que quelque temps après qu’il me donna ce certificat et qu’il mentionna mon véritable nom en marge de l’acte porté sur les registres de son église. Cette mesure pouvait devenir utile, sans pouvoir jamais nuire à personne. Ce ministre vit encore, il est maintenant évêque, et il pourrait, s’il en était besoin, rendre témoignage de la validité de mon mariage.

— Et le ministre qui m’a baptisé vit encore, s’écria Paul ; il ne m’a jamais perdu de vue. Il était en partie dans la confidence de la famille de ma mère, et même après que M. Powis m’eut adopté, il eut toujours l’œil sur moi, attendu, disait-il, que j’étais un de ses petits chrétiens. Ce n’est rien moins que le docteur ***. Cela seul suffirait pour prouver l’identité, sans l’aide des témoins de M. Lundi, dit M. Effingham. Toute l’obscurité est venue du changement de nom de John et de l’ignorance où il était que sa femme eût eu un fils. La famille Ducie paraît aussi avoir eu des raisons plausibles pour douter de la légalité du mariage ; mais à présent tout est clair ; et comme il s’agit d’une grande fortune, nous aurons soin qu’aucun reste d’obscurité ne couvre cette affaire.

— Quant à la fortune, elle est en toute sûreté, dit John Effingham regardant Ève en souriant. Un Américain peut toujours faire un testament, et un testament qui ne contient qu’un seul legs est bientôt écrit. Le mien est déjà fait, et Paul Effingham, fils unique issu de mon mariage avec Mildred Warrender, et connu précédemment dans la marine des États-Unis sous le nom de Paul Powis, y est déclaré mon seul héritier. La loi ne peut trouver à y mordre ; mais nous aurons beaucoup de commérages à essuyer.

— Cousin John !

— Ma fille Ève !

— Qui en a été cause ?

— Celui qui a commencé un des devoirs les plus sacrés de sa carrière terrestre en trompant un de ses semblables d’une manière inexcusable. La meilleure manière d’y remédier sera de donner la