Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/391

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sans doute un grand poids, mais relâchez-le, et vous voyez tomber tout ce qu’il soutenait. Je suppose que vous savez que ce M. Dodge a fait un ou deux voyages sur mon bord ?

— Je l’ai entendu dire. On assure qu’il s’est battu comme un tigre, comme un enragé contre les nègres.

— Oui, je sais que c’est ce qu’il dit de lui-même. Mais écoutez-moi, commodore, je désire rendre justice à chacun, et je vois que c’est à quoi on pense fort peu à terre : le héros de ce combat est celui qui va épouser votre charmante miss Effingham. D’autres que lui ont pourtant fait aussi leur devoir, et par exemple, M. John Effingham ; mais c’est Paul Blunt-Powis-Effingham qui a décidé l’affaire. Quant à M. Steadfast Dodge, je n’en dirai rien, si ce n’est pour ajouter qu’il n’a jamais été près de moi pendant l’action ; et s’il y avait en cette occasion quelqu’un qui fût comme un alligator affamé, c’était votre humble serviteur.

— Ce qui veut dire qu’il n’était pas très-près des ennemis j’en ferais serment devant un magistrat.

— Et sans crainte de parjure. Quiconque vit ce jour-là M. Effingham et M. Powis aurait pu jurer qu’ils étaient père et fils et quiconque n’a pas vu M. Dodge aurait pu affirmer qu’il n’était pas de la même famille. Voilà tout, Monsieur. Je ne parle jamais au désavantage d’un de mes passagers, et c’est pourquoi je me borne à vous dire que M. Dodge n’est pas un guerrier.

— On prétend qu’il a éprouvé depuis peu l’appel de la grâce, comme on le dit.

— Il en était temps, Monsieur, car, suivant moi, il a bien assez répondu à celui du péché. J’ai entendu dire que cet homme court tout le pays en cherchant à dénigrer ceux dont il n’est pas digne de dénouer les cordons des souliers ; mais qu’il y prenne garde, de peur que, par un jour de pluie, le monde ne voie un extrait d’un certain registre de loch, appartenant à un bâtiment nommé le Montauk. Après tout, commodore, je me réjouis de ce mariage, ou, pour mieux dire, de ces mariages ; car sir George Templemore et Paul Effingham doivent faire une double bouline de cette affaire demain matin, et dès que j’aurai assisté à la cérémonie, je pars pour New-York.

— Il est-donc bien prouvé que M. Powis est fils de M. John Effingham ?

— Aussi clairement qu’on voit la Grande Ourse par une nuit sans nuages. Le drôle qui m’a parlé le jour du « divertissement du