Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/403

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très-courte la cérémonie de la célébration du mariage car, si elle était inutilement prolongée, l’intensité des sentiments qu’elle fait naître deviendrait quelquefois trop forte pour qu’on pût la supporter. M. Effingham présenta les deux futures à l’autel, comme étant le père de l’une et le tuteur de l’autre, et aucun des deux futurs époux ne se trompa de doigt en y passant la bague. C’est tout ce que nous avons à dire de la cérémonie qui eut lieu devant l’autel. Dès que la bénédiction eut été prononcée, et que les nouvelles épouses eurent reçu le premier embrassement de leurs maris, M. Effingham, sans se donner le temps de les embrasser à son tour, jeta à la hâte leurs châles sur leurs épaules, et les emmena sur-le-champ hors de l’église car il ne voulait pas que les sentiments sacrés dont son cœur était rempli devinssent un spectacle pour les intrus dont les yeux observaient tout ce qui se passait. À la porte, il céda le bras de sa fille à Paul, et celui de sa nièce à sir George, sans prononcer un seul mot, mais en leur pressant la main à chacune, après quoi il leur fit signe de retourner promptement au wigwam. On lui obéit, et un quart d’heure s’était à peine écoulé depuis l’instant où ils avaient quitté le salon qu’ils s’y trouvèrent tous de nouveau réunis.

— Quel changement un si court intervalle n’avait-il pas produit dans la situation de tant d’individus !

— Mon père, dit Ève à M. Effingham qui la pressait sur son cœur, tandis que des larmes de tendresse coulaient de leurs yeux, je suis encore votre fille ?

— Mon cœur se briserait si je pensais autrement, ma chère Ève. Non, non, je n’ai pas perdu une fille mais j’ai gagné un fils.

— Et quelle place dois-je occuper dans cette scène de tendresse ? demanda John Effingham, qui avait d’abord présenté ses compliments à Grace pour qu’elle ne pût se croire oubliée dans un pareil moment, et qui la laissa alors recevoir les félicitations du reste de la compagnie. — Dois-je perdre aussi un fils et une fille ?

Ève souriant et essuyant ses larmes, s’arracha des bras de son père pour se jeter dans ceux du père de son mari. Après que John l’eut embrassée plusieurs fois en la tenant serrée contre son cœur, elle sépara les cheveux qui lui couvraient le front, lui passa la main sur le visage, comme un enfant, et lui dit avec douceur :

— Cousin John !

— Oui, je crois que tels doivent encore être mon nom et mon