Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/408

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— D’autres pays ! Sûrement, capitaine, vous ne me supposez pas assez ignorant en géographie pour croire qu’il n’y a pas d’autres pays en Europe. N’y a-t-il pas le Hanovre, Brunswick, Brunswick-Lunebourg ? N’y a-t-il pas le Danemark, dont le roi a épousé la sœur de George III, et le Wurtemberg, dont le roi a eu pour épouse la princesse royale d’Angleterre ?

— Et Mecklembourg-Strelitz ? ajouta gravement John Effingham ; une princesse de cette maison n’a-t-elle pas épousé George III in propriâ personâ, aussi bien que par procuration ? Rien ne saurait être plus clair que votre géographie, Howel ; mais, indépendamment de ces diverses régions, notre digne ami le capitaine désire que vous sachiez aussi qu’il existe en Europe d’autres contrées, comme la France, l’Autriche, la Russie, l’Italie, quoique ce dernier pays vaille à peine l’embarras du voyage.

— Vous avez deviné mon motif, monsieur John Effingham, et vous l’avez exprimé avec plus de discrétion que je n’aurais pu le faire, s’écria le capitaine. Si monsieur Howel veut me faire le plaisir de prendre le passage sur mon bord, tant pour aller que pour revenir, je regarderai l’avantage d’entendre ses remarques sur les hommes et les choses comme l’un des plus grands que j’aie jamais obtenus.

— Je ne sais trop si je pourrais me déterminer à aller en Angleterre ; mais je ne voudrais pas faire un pas plus loin.

— Ne pas aller à Paris ! s’écria mademoiselle Viefville, surprise qu’un être raisonnable voulût se donner la peine de traverser l’Atlantique uniquement pour voir ce triste Londres. Il faut que vous alliez à Paris pour l’amour de moi, monsieur Howel.

— Pour l’amour de vous, Mademoiselle, je ferais tout au monde ; mais je ne ferais certainement pas cela pour l’amour de moi. J’avoue qu’avant de mourir je serais charmé de voir le roi d’Angleterre et la Chambre des lords.

— Sans doute, ajouta John Effingham en secouant la tête d’un air de bonne humeur, — et la Tour, et la statue de Wellington, et la tête de sanglier dans East-Cheap, et le pont de Londres, et la terrasse de Richmond, et Bow-Street, et Somerset-House, et Oxford-Road, et Charing-Cross, le vieux Charing-Cross, Tom Howel, et le marché d’Hungerfort, et la foire de Saint-Barthélemy ?

— C’est une nation merveilleuse ! s’écria M. Howel, dont les yeux brillaient pendant cette énumération. Je crois, après tout,