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ÈVE EFFINGHAM,


ou


L’AMÉRIQUE




CHAPITRE PREMIER.


Bonjour, cousine. — Bonjour, charmante Héro.
Shakespeare.



Quand M. Effingham se fut déterminé à retourner en Amérique, il envoya ordre à son gérant de mettre sa maison de New-York en état de le recevoir. Il avait dessein d’y passer l’hiver, et d’aller à sa maison de campagne quand le printemps ferait sentir sa douce influence. Une heure après avoir quitté le paquebot, Ève se trouva donc à la tête d’un des plus grands établissements de la plus grande ville d’Amérique. Heureusement pour elle, son père avait trop de jugement pour regarder une épouse ou une fille comme n’étant qu’une servante de première classe, et il jugea avec raison qu’il devait employer une partie de son revenu à se procurer les services d’une femme que ses qualités missent en état de soulager une maîtresse de maison d’un fardeau si pesant. Il n’était pas de ces gens qui, pour donner une de ces fêtes à prétention, qui n’amusent personne et dans lesquelles la folie de l’un ne cherche qu’à lutter contre l’ostentation de l’autre, dépensent une somme qui, sagement employée, suffirait pour maintenir un système d’ordre dans une famille pendant tout le cours d’une année ; qui y consacrent volontiers tous leurs moyens,