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LE LAC ONTARIO.

regagné le sol, Arrowhead leur annonça son intention d’avancer vers le feu pour reconnaître qui étaient ceux qui l’avaient allumé, et il engagea sa femme et ses deux autres compagnons à retourner sur le canot qu’ils avaient laissé dans la rivière voisine, et d’y attendre son retour.

— Comment ? chef ! cela pourrait être convenable s’il s’agissait d’aller sonder, et que nous eussions le bord au large, — dit le vieux Cap ; — mais dans des eaux inconnues comme celles-ci, je crois qu’il n’est pas sûr de laisser le pilote s’éloigner trop loin du navire : ainsi donc, avec votre permission, je vous tiendrai compagnie.

— Que désire mon frère ? — demanda l’Indien gravement, mais sans avoir l’air d’être offensé d’une méfiance qui était assez évidente.

— Votre compagnie, Arrowhead, et rien de plus. J’irai avec vous et je parlerai à ces étrangers.

Le Tuscarora y consentit sans difficulté, et il ordonna de nouveau à sa petite femme, toujours patiente et soumise, et dont les grands et beaux yeux noirs ne se fixaient presque jamais sur son mari sans exprimer le respect, la crainte et l’amour, de retourner vers le canot. Mais ici Magnet éleva une difficulté. Quoiqu’elle eût de la résolution et une énergie extraordinaire, quand les circonstances l’exigeaient, elle n’était qu’une femme, et l’idée d’être abandonnée par ses deux protecteurs au milieu d’un désert qui venait de lui paraître interminable, lui devint si pénible, qu’elle exprima le désir de suivre son oncle.

— Après être restée si long-temps dans le canot, l’exercice me fera du bien, — ajouta-t-elle, tandis que le sang reparaissait peu à peu sur des joues qui avaient pâli en dépit de ses efforts pour être calme ; — et il peut se trouver des femmes avec ces étrangers.

— Venez donc, mon enfant ; il n’y a qu’une encablure de distance, et nous serons de retour une heure avant le coucher du soleil.

Avec cette permission, la jeune fille, dont le nom véritable était Mabel Dunham, se disposa à partir, tandis que Rosée-de-Juin, comme se nommait la femme d’Arrowhead, se mettait en marche vers le canot, trop habituée à l’obéissance, à la solitude et à l’obscurité des forêts, pour faire aucune objection.

Les trois autres qui étaient encore dans le wind-row, se frayè-