Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/337

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présence à l’ennemi, quand même on ne se serait proposé aucun but en l’attachant à l’arbre. Mon oncle ne doit-il pas être instruit de cette circonstance ?

— Je n’en vois pas la nécessité, charmante Mabel ; vous dites avec raison que c’est une circonstance, et elle trouble parfois le digne marin ; mais cette banderole, si l’on peut l’appeler ainsi, appartient à un bâtiment. Vous pouvez remarquer qu’elle est d’un genre de toile qui ne sert qu’à cet usage, nos drapeaux étant en soie ou en toile peinte ; il ressemble d’une manière frappante à la queue du pavillon du Scud ; et maintenant je me rappelle avoir observé qu’un morceau en avait été coupé.

Mabel sentit le cœur lui défaillir ; mais elle eut assez d’empire sur elle-même pour ne pas essayer de répondre.

— Ceci mérite attention, continua Muir, et après tout je pense qu’il pourrait être à propos de tenir conseil avec maître Cap, car un sujet plus loyal n’existe pas dans tout l’empire britannique.

— L’avertissement m’a paru si sérieux, reprit Mabel, que je vais n’établir dans le fort et prendre Jenny avec moi.

— Je ne vois pas la prudence de cette mesure, Mabel ; s’il y a une attaque, elle sera d’abord dirigée contre le fort, et il faut convenir qu’il n’est pas bien préparé à soutenir un siège. Si j’osais vous donner un avis dans une conjoncture aussi délicate, je vous conseillerais de vous retirer dans le bateau qui, ainsi que vous pouvez le voir d’ici, est placé très-favorablement pour opérer une retraite dans ce canal en face, où les îles vous déroberont à tous les regards en deux ou trois minutes. L’eau ne conserve pas de piste, comme le dit si bien Pathfinder, et tant de passages semblent se croiser en cet endroit, que le succès est plus que probable. J’ai toujours pensé que Lundie risquait beaucoup trop en occupant un poste aussi avancé et aussi exposé que celui-ci.

— Il est trop tard maintenant pour s’en repentir, monsieur Muir ; il ne nous reste qu’à penser à notre propre sûreté.

— Et à l’honneur du roi, charmante Mabel ; oui, l’intérêt des armes de Sa Majesté et de son nom glorieux ne doit jamais être négligé dans aucune occasion.

— Je pense alors, dit Mabel en souriant, qu’au lieu d’avoir recours au bateau, il serait mieux de tourner nos pas tous ensemble vers la place qui a été construite pour les défendre ; et ainsi, monsieur Muir, je suis pour le fort, toute disposée à attendre là le retour de mon père et de son détachement. Il serait