Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/355

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certainement d’une nature différente, était à peine moins vif que celui de son mari Arrowhead lui-même l’avait envoyée pour avertir Mabel du péril qui s’approchait, mais il ignorait qu’elle se fût introduite dans l’île à la suite des assaillants, et qu’elle était enfermée dans la citadelle avec l’objet de leur commune sollicitude. Il supposait au contraire, ainsi que sa femme l’avait dit, que Cap et Muir étaient dans le fort avec Mabel, et il pensait que le coup de fusil avait été tiré par l’un d’eux.

— Rosée-de-Juin être fâchée que le lys, — car c’était ainsi que dans son langage poétique l’Indienne avait nommé notre héroïne, — être fâchée que le lys pas épouser Arrowhead. Son wigwam être spacieux, et un grand chef avoir besoin d’assez de femmes pour le remplir.

— Je vous remercie, Rosée-de-Juin, de cette préférence, qui n’est pas tout-à-fait d’accord avec la manière de penser de nous autres femmes blanches, — répondit Mabel en souriant en dépit de la terrible situation dans laquelle elle se trouvait placée ; mais il est probable que je ne me marierai jamais.

— Vous, falloir bon mari ; vous, épouser Eau-douce si vous pas aimer Arrowhead.

— Rosée-de-Juin, ceci n’est pas un sujet de conversation convenable pour une fille qui ignore si elle a encore une heure à vivre. Je voudrais, s’il est possible, savoir mon oncle vivant et en sûreté.

— Moi, aller voir.

— Le pouvez-vous ? le voudriez-vous ? N’y a-t-il pas de danger pour vous à être vue dans l’île ? Les Indiens savent-ils que vous êtes ici, et seront-ils contents qu’une femme les ait suivis à la guerre ?

Mabel accumula rapidement toutes ces questions, craignant que la réponse ne fût pas conforme à ses désirs. Il lui semblait étrange que l’indienne eût accompagné la troupe ; et malgré le peu de probabilité de cette idée, elle se figurait que Rosée-de-Juin avait suivi les Iroquois dans son propre canot, et les avait devancés uniquement pour lui donner l’avis auquel, sans doute, elle devait la vie. Mais toutes ces suppositions étaient fausses, comme la jeune Indienne le lui fit entendre dans son langage imparfait.

Arrowhead, quoique chef, était en disgrâce dans sa propre tribu, et il agissait d’accord avec les Iroquois ; l’alliance, quoique