pas faire cela ; je n’ai ni la force, ni le courage, ni la volonté de tremper mes mains dans le sang.
— Moi penser cela aussi ; en ce cas, vous rester ici. Fort être très-bon.
— Vous croyez donc que je puis sans risque rester ici, du moins jusqu’au retour de mon père et de son détachement ?
— Moi le croire. Nul n’oser toucher au fort ce matin ! Écoutez ! tous tranquilles à présent, — boire rum, — la tête tomber sur la poitrine et puis dormir comme des souches.
— Ne puis-je m’échapper ? N’y a-t-il pas plusieurs pirogues dans l’île ? — Ne puis-je en prendre une et aller apprendre à mon père ce qui est arrivé ?
— Vous savoir ramer ? — demanda l’Indienne en jetant un coup d’œil furtif sur sa compagne.
— Non pas peut-être aussi bien que vous, mais assez pour être hors de vue avant le jour.
— Quoi vous faire ensuite ? — Vous pouvoir ramer six, huit, dix milles ?
— Je ne le sais pas. Mais je ferai beaucoup pour avertir mon père, l’excellent Pathfinder et tous les autres du danger qui les menace ;
— Vous aimer Pathfinder ?
— Il est aimé de tous ceux qui le connaissent ; vous l’aimeriez aussi, oui, vous l’aimeriez si vous connaissiez seulement son cœur !
— Moi pas aimer lui, — pas du tout. — Fusil trop sûr, — œil trop bon. — Avoir tué trop d’Iroquois et de Tuscaroras. — Moi avoir son crâne si moi pouvoir.
— Et moi je le sauverai si je le puis. Sur ce point nous sommes opposées l’une à l’autre. — Je vais sortir, prendre une pirogue pendant qu’ils sont tous endormis et quitter l’île.
— Vous pas pouvoir. — Rosée-de-Juin vous en empêcher, appeler Arrowhead.
— Vous ne voudriez pas me trahir, — vous ne m’abandonnerez pas après tout ce que vous avez fait pour moi ?
— Si, si, — répondit la Tuscarora en faisant un geste de main en arrière, et parlant avec une chaleur et une vivacité que Mabel n’avait jamais observées en elle auparavant. — Appeler Arrowhead à haute voix ; l’appel d’une femme éveiller un guerrier. — Rosée-de-Juin pas laisser Lys secourir ennemi, — pas laisser Indien faire mal à Lys.