Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/396

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— Que voulez-vous ! frère Cap, — répondit le mourant d’une voix faible, — ce qui est fait est fait, et il est maintenant trop tard pour y remédier.

— Cela est vrai, frère Dunham, mais non pas pour s’en repentir. Le livre saint nous dit qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir ; et j’ai toujours entendu dire que ce moment était le plus précieux. Si vous avez quelque chose sur le cœur, sergent, confiez-le-moi franchement, car vous savez bien que vous le confierez à un ami ; vous avez été le mari de ma sœur, et la pauvre petite Magnet est l’enfant de ma propre sœur ; vivant ou mort, je vous regarderai toujours comme un frère. C’est un grand malheur que vous n’ayez pas couru des bordées sur votre bateau et envoyé un canot en avant pour faire une reconnaissance, cela aurait mis votre réputation à couvert et nous eût évité à tous un semblable échec. Enfin, sergent, nous sommes tous mortels, c’est une consolation sans doute, si vous partez un peu avant nous, il faudra que nous vous suivions bientôt. Oui, cela doit vous donner quelque consolation.

— Je sais tout cela, frère Cap, et j’espère que je suis préparé à subir le destin d’un soldat ; mais la pauvre Mabel…

— Oh ! c’est là un pesant fardeau, j’en conviens mais vous ne voudriez pas l’emmener avec vous si vous le pouviez, n’est-ce pas, sergent ? Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de rendre cette séparation le moins pénible que vous pourrez. Mabel est une bonne fille, ainsi était sa mère avant elle ; elle est la fille de ma sœur, et je mettrai tous mes soins à lui trouver un bon mari si notre vie et notre chevelure sont épargnés ; car je ne suppose pas qu’aucun prétendant fût très-ambitieux d’entrer dans une famille sans chevelure.

— Mon frère, ma fille est promise ; elle sera la femme de Pathfinder.

— Eh bien ! frère Dunham, chacun à son opinion et sa manière d’envisager les choses. Je n’ai pas lieu de croire que ce projet soit désagréable à Mabel ; je n’ai aucune objection à faire sur l’âge du futur. Je ne suis pas de ces gens qui pensent qu’il faut qu’un homme ait vingt ans pour rendre une jeune fille heureuse. Les meilleurs maris sont les maris de cinquante ans. Mais il ne faut pas qu’il existe entre deux époux des circonstances qui puissent les rendre malheureux, car les circonstances sont le diable en ménage, et je trouve que c’en est une que Pathfinder soit plus