Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/400

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naissez la puissance de ce terrible élément, et vous agirez plutôt comme le guerrier prudent et expérimenté qu’on a généralement reconnu en vous, en abandonnant une place que vous ne pouvez défendre, qu’en en faisant tomber les ruines sur votre tête et sur celles de vos compagnons.

— Je connais la puissance du feu, comme vous le dites, quartier-maître, et l’on n’a pas besoin de me dire qu’à cette heure de la nuit on ne peut l’allumer pour autre chose que pour faire cuire un dîner. Mais, sans aucun doute, vous avez aussi entendu parler de la puissance de Tue-daim, et celui qui tentera de mettre un tas de broussailles contre ce bâtiment aura une juste idée de cette puissance. Quant aux flèches, elles n’auront pas le pouvoir de mettre le feu au fort, car nous n’avons pas de lattes sur le toit, mais des troncs d’arbres solides, couverts d’écorce verte. Le toit est si plat, comme vous le savez vous-même, lieutenant, que nous pouvons y marcher aisément ; ainsi il n’y a aucun danger de ce côté-là, tant que nous aurons de l’eau. Je suis très-paisible de ma nature lorsqu’on me laisse en repos ; mais le sang de celui qui cherchera à mettre le feu à ce fort servira à l’éteindre.

— Tout cela est du romantisme, Pathfinder, et vous ne tiendrez plus un semblable langage lorsque vous viendrez à réfléchir sur ses conséquences. J’espère que vous ne contestez pas la valeur du 55e, et je suis convaincu qu’un conseil de guerre déciderait qu’il est convenable de se rendre sur-le-champ en cette occasion. Non, non, Pathfinder, la témérité est aussi loin de la bravoure de Wallace et de Bruce, qu’Albany-sur-l’Hudson est différente de la vieille ville d’Édimbourg.

— Lieutenant, comme chacun de nous semble avoir pris son parti, une plus longue conversation est inutile. Si les reptiles qui vous entourent sont disposés à mettre à exécution leur plan infernal, qu’ils commencent tout d’un coup. Ils peuvent brûler du bois ; moi je brûlerai de la poudre. Du reste, si j’étais un Indien attaché au poteau, je pourrais me vanter tout aussi bien qu’eux ; mais je suis blanc, tant par ma nature que par les dons que j’ai reçus du ciel, et j’aime mieux agir que de parler. Vous en avez dit assez, surtout pour un officier du roi, et si nous sommes tous brûlés, aucun de nous ne vous en voudra, à vous.

— Pathfinder, vous n’exposerez pas Mabel, la jolie Mabel Dunham à une semblable calamité.

— Mabel Dunham est à côté de son père blessé, et Dieu pren-