Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/98

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maître Cap. J’ai souvent suivi leur ligne de marche à l’aide de leurs ossements blanchis par la pluie, et j’ai retrouvé leur piste par leurs tombeaux bien des années après qu’ils avaient disparu eux et leur orgueil. Généraux et soldats, tous sont ainsi épars dans le pays comme autant de preuves de ce que sont les hommes quand ils se laissent conduire par l’amour d’une grande renommée et par le désir d’être plus que leurs semblables.

— Je dois dire, maître Pathfinder, que vous énoncez des opinions un peu remarquables pour un homme qui vit de sa carabine, reniflant rarement sans sentir la poudre à fusil, et ne sortant de son gîte que pour poursuivre un ennemi.

— Si vous croyez que je passe mes jours à faire la guerre à mes semblables, vous ne connaissez ni moi ni mon histoire. L’homme qui vit dans les bois et sur la frontière, doit courir la chance des choses au milieu desquelles il demeure. Je n’ai encouru aucune responsabilité à cet égard, n’étant qu’un humble guide, un chasseur sans pouvoir. Ma véritable profession est de chasser pour l’armée, soit quand elle est en campagne, soit en temps de paix, quoique je sois plus spécialement engagé au service d’un officier, qui est maintenant absent dans les établissements, où je ne le suivrai jamais. Cependant je dois faire face à l’ennemi aussi bien qu’un autre ; et quant à un Mungo, Je le regarde comme on regarde un serpent, c’est-à-dire, comme une créature sur laquelle il faut appuyer le talon, quand l’occasion favorable s’en présente.

— Fort bien, fort bien ; je me suis mépris sur votre profession. Je l’avais crue aussi régulièrement belliqueuse que celle du maître canonnier d’un vaisseau. Voilà mon beau-frère, il a été soldat depuis l’âge de seize ans, et il regarde son métier comme aussi respectable à tous égards que celui de marin, question que je crois à peine mériter d’être discutée avec lui.

— Mon père a dû apprendre qu’il est honorable de porter les armes, — dit Mabel, — car son père avait été soldat avant lui.

— Oui, oui, — dit Pathfinder, — la nature du sergent est en général martiale, et il regarde la plupart des choses de ce monde par-dessus le canon de son fusil. Une de ses idées est de préférer le fusil du roi à une longue carabine. L’habitude donne aux hommes de pareils préjugés, et c’est peut-être le défaut le plus commun de la nature humaine.

— À terre, je vous l’accorde, — dit Cap ; — je ne suis jamais