Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/102

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dans les siennes, et quand elle leva les yeux sur sa compagne, elle remarqua qu’elle rougissait et qu’elle tenait les siens baissés. Mais la généreuse Castillane pensa que c’était le moment critique pour la fortune de son amant, et elle s’arma de toute son énergie pour plaider sa cause.

— Oui, Señora, je le crois, répondit-elle avec une fermeté qui surprit la reine et qui lui plut en même temps, car Isabelle entrait dans toutes ses pensées et appréciait ses sentiments. — je pense que don Luis de Bobadilla l’accompagnera ; car depuis que sa tante lui a parlé de la nature et de la grandeur de cette entreprise, il semble ne plus songer à autre chose. Il serait même disposé à fournir de l’or pour cette expédition, si ses tuteurs voulaient y consentir.

— Ce que tout tuteur aurait grand tort de faire. Nous pouvons disposer de ce qui nous appartient, mais il ne nous est pas permis de hasarder le bien d’autrui. Si don Luis de Bobadilla persiste dans cette intention et agit en conséquence, j’aurai une idée plus favorable de son caractère que les circonstances ne me l’ont permis jusqu’à présent.

— Señora !

— Écoutez, ma fille, nous ne pouvons converser plus longtemps sur ce sujet. Le conseil m’attend, et le roi est déjà parti. Votre tutrice et moi, nous conférerons ensemble, et nous ne vous laisserons pas longtemps inutilement en suspens. — Mais, Mercédès de Valverde, souvenez-vous de votre vœu ; il a été prononcé librement, et il ne doit pas être inconsidérément oublié.

Isabelle baisa la joue de la jeune fille, et se retira, suivie de toutes ses dames, laissant Mercédès, partagée entre la crainte et l’espoir, seule au centre de ce vaste appartement, semblable à une belle statue de l’Incertitude.