lui : cependant il est du nombre des événements naturels, et ne peut être attribué à la Providence qu’en tant qu’elle nous prouve ainsi la continuation de ses soins et de son extrême bonté. Soyez donc tout à fait rassurés ; si l’Espagne est bien loin derrière vous, le Cathay est maintenant à une moindre distance en avant ; chaque heure diminue cette distance, et nous rapproche du but de notre voyage. Celui qui restera fidèle et obéissant ne se repentira pas de sa confiance ; mais celui qui troublera son esprit ou celui des autres par des doutes absurdes peut s’attendre à me voir déployer une autorité qui maintiendra les droits de Leurs Altesses à la soumission de leurs serviteurs.
Nous rapportons avec d’autant plus de plaisir ce discours du grand navigateur, qu’il prouve évidemment que Colomb ne croyait pas que la cessation subite du calme fût due à un miracle direct, comme quelques-uns de ses biographes et historiens paraissent le supposer, mais qu’il la regarda comme une intervention de la puissance divine, par des moyens naturels, pour le mettre à l’abri des dangers qui pouvaient résulter des craintes puériles de ses équipages. Dans le fait, il n’est pas facile de supposer qu’un marin ayant l’expérience de Colomb pût ignorer la cause naturelle d’un événement si commun sur l’Océan, et dont ceux qui en habitent les côtes ont souvent occasion d’être témoins.
CHAPITRE XX.
l n’est peut-être pas inutile de montrer au lecteur jusqu’à
quel point la petite escadre s’était avancée sur les eaux inconnues
de l’Atlantique, et quelle était, au moment actuel, sa situation