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DEERSLAYER

comme terminée ; car tous les dogmes de Hetty étaient sans effet sur des êtres habitués à la violence depuis l’enfance jusqu’à l’âge mûr. Hetty et Hist furent alors laissées seules avec Hutter et Hurry, sans qu’on semblât vouloir gêner les mouvements d’aucun d’eux, quoiqu’ils fussent réellement placés tous quatre sous une surveillance active et continuelle. Quant aux hommes, on avait soin de les empêcher de s’emparer d’aucun des mousquets épars çà et là, y compris les leurs ; et là se bornait toute manifestation apparente de violence. Mais avec l’expérience qu’ils avaient des coutumes indiennes, ils savaient trop bien à quel point les apparences étaient éloignées de la réalité pour être dupes de cet air de négligence. Ils pensaient continuellement tous deux au moyen de s’échapper, et cela sans se concerter ; mais ils étaient convaincus de l’inutilité de toute tentative de ce genre qui ne serait pas mûrement réfléchie et promptement exécutée. Ils étaient depuis assez de temps dans le camp, et ils avaient l’esprit assez observateur pour savoir, à n’en pas douter, que Hist était aussi en quelque sorte prisonnière ; et ce fut dans cette conviction que Hutter s’exprima en sa présence plus librement qu’il n’eût jugé prudent de le faire en toute autre circonstance, et son exemple porta Hurry à ne pas être plus réservé.

— Je ne vous blâmerai pas, Hetty, d’être venue pour accomplir une entreprise dont le motif est louable, si le plan n’en est pas très-sagement conçu, dit le père en s’asseyant à côté de sa fille et en lui prenant la main, marque d’affection que cet être endurci n’avait l’habitude d’accorder qu’à Judith. — Mais les sermons et la Bible ne sont pas ce qu’il faut pour faire sortir un Indien de ses habitudes. Deerslayer a-t-il envoyé quelque message, ou bien a-t-il inventé quelque ruse à l’aide de laquelle il pense pouvoir nous délivrer ?

— Oui, voilà la question en deux mots, ajouta Hurry ; si vous pouvez nous aider à nous éloigner d’un demi-mille, ou même à prendre une bonne avance d’un petit quart de mille, je réponds du reste. Peut-être le vieux aura-t-il besoin de quelque chose de plus ; mais pour un homme de ma taille et de mon âge, cela répondra à toute objection.

Hetty promena de l’un à l’autre ses regards affligés, mais elle n’avait aucune réponse à faire à la question de l’insouciant Hurry.

— Mon père, dit-elle, ni Deerslayer ni Judith ne savaient que je dusse venir, avant que j’eusse quitté l’arche. Ils craignent que les Iroquois ne fassent un radeau pour essayer d’arriver à la hutte, et ils pensent plus à la défendre qu’à venir vous aider.