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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/284

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CHAPITRE XVIII.


Ce fut ainsi qu’elle mourut ; elle ne connaîtra plus ni le chagrin ni la honte. Elle n’était pas faite pour supporter des années ou des mois entiers ce poids intérieur qui pèse sur des cœurs plus froids jusqu’à ce que l’âge les couvre de terre ; ses jours et ses plaisirs furent courts, mais délicieux. — Mais elle repose en paix sur le bord du rivage où elle aimait à demeurer.
Byron.


Les jeunes Indiens qui avaient été chargés de faire une reconnaissance lors de l’apparition subite de Hetty, revinrent annoncer qu’ils n’avaient fait aucune découverte. L’un d’eux avait même suivi le rivage jusqu’en face de l’endroit où était l’arche ; mais l’obscurité l’avait empêché de l’apercevoir. Les autres s’étaient avancés de différents côtés, et avaient trouvé partout le repos de la nuit joint au silence et à la solitude des bois.

On crut donc que la jeune fille était venue seule comme la première fois, et par quelque motif semblable. Les Hurons ignoraient que l’arche eût quitté le château, et ils avaient projeté des mouvements qui, quoiqu’ils n’eussent pas encore commencé à les exécuter, ajoutaient beaucoup à leur sentiment de sécurité. On plaça des sentinelles, et tous les autres se disposèrent à dormir.

On prit toutes les mesures nécessaires pour que le prisonnier ne pût s’échapper, sans lui causer aucune souffrance inutile. Quant à Hetty, on la laissa se placer comme elle put parmi les jeunes filles de la tribu. Elle n’y trouva pas les dispositions amicales de Hist ; mais sa faiblesse d’esprit reconnue non-seulement la mit à l’abri de la captivité et de tout mauvais procédé, mais lui valut une considération et des attentions qui la mirent de niveau avec les créatures douces, quoique sauvages, qui l’entouraient. On lui donna une peau, et elle se fit un lit sur un monceau de feuilles, à quelque distance des huttes. Elle fut bientôt plongée dans un profond sommeil comme toutes ses compagnes.

Il ne se trouvait alors que treize hommes dans le camp, et trois étaient en sentinelle. L’un restait dans l’ombre, sans pourtant être bien éloigné du feu. Son devoir était de veiller sur le prisonnier,