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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/302

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OU LE TUEUR DE DAIMS.

sur le point de nous jeter la tête la première dans une jolie trappe. — Huron là ! Cela n’est pas impossible ; mais je n’en vois aucune apparence. J’ai beau regarder le château, je n’y vois que des pilotis, des troncs d’arbres, des écorces et de l’eau, à l’exception d’une porte et de deux ou trois fenêtres.

Hutter demanda la longue-vue, et examina le château avec grand soin avant d’émettre une opinion. Alors il déclara assez cavalièrement qu’il ne partageait pas celle de l’Indien.

— Vous avez pris l’instrument par le mauvais bout, Delaware, dit Hurry : ni le vieux Tom ni moi nous ne pouvons découvrir aucune piste.

— Pas de piste sur l’eau, s’écria Hist avec véhémence. Arrêtez bateau ! Pas bon aller si près. — Huron là.

— Oui, c’est cela ; contez tous deux la même histoire, et plus de gens vous croiront. — J’espère, Delaware, que vous et votre maîtresse vous serez aussi bien d’accord après votre mariage que vous l’êtes à présent. — Huron là ! Et où le voit-on ? Accroché au cadenas, pendu aux chaînes ou collé aux troncs d’arbres ? Il n’y a pas une prison dans toute la colonie qui ait l’air plus sûre et mieux fermée que le chenil du vieux Tom, et je me connais en prison par expérience.

— Pas voir moccasin ? s’écria Hist avec impatience. Pourquoi pas regarder ? Le voir aisément.

— Donnez-moi la longue-vue, Hurry, et amenez la voile, dit Hutter. Il est rare qu’une Indienne se mêle à la conversation ; et quand elle le fait, c’est qu’elle en a quelque raison. Oui, je vois un moccasin flottant sur l’eau près de la palissade, et ce peut être ou n’être pas un signe que le château a été visité en notre absence. Cependant les moccasins ne sont pas une rareté, car j’en porte moi-même ; vous et Deerslayer vous en portez ; Hetty en porte aussi souvent que des souliers ; il n’y a que Judith qui n’en porte jamais.

Hurry avait amené la voile, et l’arche était alors à environ cent toises du château. Elle en approchait davantage à chaque instant, quoique assez lentement pour ne donner aucune inquiétude. Il prit la longue-vue à son tour, et examina de nouveau avec plus de soin et d’exactitude que la première fois. Il aperçut le moccasin flottant sur la surface de l’eau si légèrement, qu’il était à peine mouillé. Il s’était accroché à l’écorce raboteuse d’un des arbres qui formaient la palissade entourant le château, ce qui l’avait empêché de dériver. Il y avait pourtant bien des manières d’expliquer comment ce moccasin pouvait se trouver là, sans supposer qu’il se fût détaché