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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/422

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OU LE TUEUR DE DAIMS.

grande protection d’une femme. Et à présent, priez le Serpent de venir me parler un moment, et emportez avec vous mes désirs et mes prières pour votre bonheur. Quoi qu’il puisse m’arriver, je penserai à vous et à votre mari futur jusqu’à la fin, et mes souhaits seront pour que vous soyez heureux l’un et l’autre en ce monde et dans celui qui vient après, qu’il soit conforme aux idées des Indiens ou à la doctrine des chrétiens.

Hist ne versa pas une larme en le quittant ; elle était soutenue par la ferme résolution d’une femme dont le parti était pris ; mais les sentiments qui l’animaient faisaient étinceler ses yeux noirs, et ses jolis traits exprimaient une détermination qui faisait contraste avec leur douceur habituelle. Une minute s’était à peine écoulée quand le Delaware s’avança vers son ami avec le pas léger et silencieux d’un Indien.

— Approchez par ici, Serpent, — plus hors de la vue des femmes, dit Deerslayer ; car j’ai plusieurs choses à vous dire qu’il ne faut pas qu’elles entendent, ni même qu’elles soupçonnent. Vous connaissez trop bien la nature d’un congé et le caractère des Mingos pour avoir aucun doute sur ce qui doit m’arriver quand je serai de retour dans leur camp. Quelques mots suffiront donc sur ces deux points. Mais en premier lieu, chef, je désire vous parler de Wah-ta !-Wah et de la manière dont vous autres Peaux-Rouges vous traitez vos femmes. Je suppose qu’il est dans les dons de votre race que les femmes travaillent et que les hommes chassent. Mais il faut en tout de la modération. Quant à la chasse, je ne vois pas de bonne raison pour qu’il soit nécessaire d’y mettre des bornes ; mais Wah sort de trop bonne souche pour s’éreinter à travailler comme une squaw ordinaire. Un homme ayant vos moyens et votre rang n’aura jamais besoin de blé, de pommes de terre, ni de rien de ce qui croît dans les champs. J’espère donc qu’une houe ne sera jamais placée dans les mains de votre femme. Vous savez que je ne suis pas tout à fait un mendiant, et tout ce que je possède en armes et en munitions, en peaux et en calicot, je le donne à Wah-ta !-Wah, si je ne viens pas le réclamer à la fin de cette saison. Il me semble que cela devra la dispenser de tout travail dur, du moins d’ici à longtemps. Je suppose qu’il est inutile de vous recommander de l’aimer, puisque vous l’aimez déjà ; et quand on aime véritablement, il est probable que l’on continuera. Néanmoins cela ne peut vous faire mal de m’entendre dire que les paroles de bonté ne tournent jamais sur le cœur, ce qui arrive aux paroles d’amertume. Je sais fort bien, Serpent, que vous êtes un homme moins porté à parler dans son