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OU LE TUEUR DE DAIMS.

avec indifférence et facilité de la douceur à la sévérité et de l’enjouement au reproche.

Un moment d’examen expliqua toute l’affaire. Sans que les voyageurs s’en doutassent, leur pirogue se trouvait bord à bord avec l’arche, qui avait été cachée soigneusement derrière les branches inclinées des arbrisseaux croissant sur la rive, de sorte que Judith n’avait eu besoin que d’écarter le feuillage qui était devant une fenêtre, pour se montrer à eux et leur parler.


CHAPITRE IV.


Ce timide faon ne tressaille pas de crainte quand j’arrive doucement dans le bosquet qu’il préfère ; — cette jeune violette de mai m’est bien chère ; — et je visite ce petit ruisseau silencieux pour contempler l’aimable fleur qui croît sur ses bords.
Bryant.


L’arche, comme on appelait généralement l’habitation flottante de Hutter, était d’une construction fort simple. Une espèce de grand bateau plat, ou de scow, comme on l’appelle en Amérique, en composait la partie qui flottait sur l’eau, et au centre on avait construit un rouf peu élevé, occupant toute la largeur du bateau et environ les deux tiers de sa longueur, et ressemblant au château par le mode de sa construction, quoique les bois en fussent très-légers et n’eussent que l’épaisseur strictement nécessaire pour les rendre à l’épreuve des balles. Comme les côtés du scow s’élevaient un peu plus haut que de coutume, et que la cabine n’avait que la hauteur nécessaire pour qu’on y fût à l’aise, cette addition inusitée n’avait rien de gauche ni de très-remarquable. Dans le fait, ce n’était guère qu’un coche d’eau moderne, mais plus large, plus grossièrement construit, et montrant par le toit couvert en écorces de la cabine que c’était une production des forêts. Le scow avait pourtant été assemblé avec intelligence ; car il était léger comparativement à sa force, et assez facile à gouverner. La cabine était divisée en deux pièces : l’une servait de salle à manger et était la chambre à coucher du père ; l’autre était destinée à ses deux filles. Un très-simple arrangement suffisait pour la cuisine, car elle était en plein air à une des extrémités du scow, l’arche n’étant qu’une habitation d’été.