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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/123

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et bien certainement il est votre ami, dit Frances en voyant l’effroi peint sur le visage de sa tante.

— Sans doute, il est mon ami. C’est un brave homme, et il ne lui manque que de vouloir apprendre à manier le sabre scientifiquement, de manière à me laisser quelque chance de guérir les blessés. Il faut que chacun vive de son métier, Madame ; et que deviendra un chirurgien s’il trouve ses patients morts en arrivant pour les voir ?

Il discutait encore la probabilité ou l’improbabilité que les coups de feu qu’on avait entendus eussent été tirés par la troupe du capitaine Lawton, quand de grands coups frappés à la porte alarmèrent sérieusement les trois dames. Il se leva sur-le-champ, et prenant par instinct une petite scie qui avait été sa compagne fidèle toute la journée, dans la vaine attente qu’il trouverait quelque amputation à faire, il les pria de se tranquilliser, les assura qu’il les garantirait de tout danger ; et se rendit lui-même vers la porte.

— Le capitaine Lawton ! s’écria Sitgreaves en le voyant entrer dans le vestibule, marchant avec peine et appuyé sur le bras de son lieutenant.

— Ah ! mon cher renoueur, vous voilà ! dit le capitaine avec gaieté, j’en suis ravi, car je désire que vous examiniez ma carcasse, mais avant tout, envoyez au diable cette chienne de scie.

Mason expliqua en peu de mots au chirurgien la nature de l’accident arrivé au capitaine, et miss Peyton consentit de la manière la plus gracieuse à lui donner l’hospitalité. Tandis qu’on lui préparait une chambre, et que le docteur donnait certains ordres d’augure sinistre, le capitaine fut invité à entrer dans la salle à manger. La table était garnie de quelques mets plus substantiels que ceux qu’on sert ordinairement pour le repas du soir, et ils attirèrent les yeux des deux officiers. Miss Peyton, songeant que le déjeuner qu’elle leur avait servi dans la matinée avait été probablement leur seul repas de toute la journée, les invita à la terminer par un autre. Elle n’eut pas besoin de les presser ; au bout de quelques instants, ils étaient à table fort à leur aise, mais interrompus de temps en temps par une grimace qu’arrachaient au capitaine les douleurs qu’il éprouvait. Cependant il n’en perdit pas un coup de dent, et il finissait heureusement cette occupation importante quand le docteur rentra pour lui annoncer que la chambre qui lui était destinée était prête.