Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/139

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— Mort et sang ! qu’avez-vous donc à fuir ainsi, misérables poltrons ?

— On pourrait vous faire la même question, lui répondit avec humeur un de ses gens.

— À votre frayeur, je croyais qu’un détachement de la compagnie de Delancey était à nos trousses. Oh ! vous êtes d’excellents coureurs.

— Nous suivons notre capitaine.

— Eh bien ! suivez-moi donc à la chaumière, et allons nous emparer de ce chien de colporteur, afin de recevoir la récompense.

— Oui, pour que ce vieux coquin de noiraud nous mette sur les bras cet enragé Virginien. Sur mon âme, je le crains plus que cinquante Vachers.

— Imbécile, s’écria le chef avec colère, ne sais-tu pas que Dunwoodie est aux Quatre-Coins, à deux grands milles d’ici ?

— Je ne parle pas de Dunwoodie ; mais je suis sûr que le capitaine Lawton est dans la maison du vieux Wharton. Je l’y ai vu entrer pendant que j’épiais une occasion pour tirer de l’écurie le cheval de ce colonel anglais.

— Et quand Lawton viendrait nous attaquer, la peau d’un dragon américain est-elle plus impénétrable à la balle que celle d’un cavalier anglais ?

— Non ; mais je ne me soucie pas de me fourrer la tête dans un guêpier. Si nous ameutons contre nous ces enragés Virginiens, nous n’aurons plus une nuit tranquille pour fourrager.

— Eh bien ! murmura le chef tandis qu’ils se remettaient en chemin pour s’enfoncer dans le bois, cet imbécile de colporteur voudra rester pour enterrer son vieux coquin de père. Nous ne devons pas le toucher pendant l’enterrement ; mais il passera ici la journée de demain pour veiller à son mobilier, et la nuit suivante nous lui paierons nos dettes.

Après cette menace ils se retirèrent dans un de leurs rendez-vous ordinaires pour y rester jusqu’à ce qu’une nouvelle nuit leur fournît l’occasion de commettre sans danger de nouvelles déprédations.