Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/19

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vaillaient à l’aiguille, et commença à se débarrasser d’une partie de son costume de voyage.

Lorsqu’il eut ôté un mouchoir placé sur sa cravate, un manteau et une redingote de drap bleu, l’étranger présenta à l’examen de la famille réunie un homme de grande taille, ayant un air très-gracieux et paraissant avoir cinquante ans. Sa physionomie annonçait le sang-froid et la dignité ; son nez droit avait presque la forme grecque ; ses yeux étaient doux, pensifs et presque mélancoliques ; sa bouche et la partie inférieure de son visage annonçaient un caractère ferme et résolu ; ses vêtements de voyage étaient simples mais de drap fin, et semblables à ceux que portait la classe la plus aisée de ses concitoyens. La manière dont ses cheveux étaient arrangés lui donnait un air militaire que ne démentaient pas sa taille droite et son port majestueux. Toutes ses manières paraissaient si décidément celles d’un homme comme il faut, que, lorsqu’il eut fini de se débarrasser de ses vêtements additionnels, les dames et le maître de la maison se levèrent pour recevoir les nouveaux compliments qu’il leur adressa, et y répondirent de la manière la plus obligeante.

Le maître de la maison paraissait avoir quelques années de plus que l’étranger, et ses manières, aussi bien que son costume, prouvaient qu’il avait vu le monde.

Les dames étaient une demoiselle de quarante ans et deux jeunes personnes qui ne paraissaient pas avoir atteint la moitié de ce nombre d’années. La plus âgée des trois avait perdu sa fraîcheur mais de grands yeux, de beaux cheveux, un air de douceur et d’amabilité, donnaient à sa physionomie un charme qui manque souvent à des figures beaucoup plus jeunes. Les deux sœurs, car leur ressemblance annonçait ce degré de parenté entre elles, brillaient de tout l’éclat de la jeunesse, et les roses, qui appartiennent si éminemment aux belles du West-Chester, brillaient sur leurs joues, et donnaient à leurs yeux d’un bleu foncé, cet éclat si doux qui indique l’innocence et le bonheur. Toutes trois avaient cet air de délicatesse qui distingue le beau sexe de ce pays, et de même que le vieillard montraient par leurs manières qu’elles appartenaient à une classe supérieure.

Après avoir offert à son hôte un verre d’un excellent vin de Madère, M. Wharton reprit sa place près du feu un autre verre à la main. Après un moment de silence, comme s’il eût consulté